Disc 1 | ||||||
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1. |
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Il y a cent ans commun commune
Comme un espoir mis en chantier Ils se leverent pour la Commune En ecoutant chanter Potier Il y a cent ans commun commune Comme une etoile au firmament Ils faisaient vivre la Commune En ecoutant chanter Clement C'etaient des ferronniers Aux enseignes fragiles C'etaient des menuisiers Aux cent coups de rabots Pour defendre Paris Ils se firent mobiles C'etaient des forgerons Devenus des moblots Il y a cent ans commun commune Comme artisans et ouvriers Ils se battaient pour la Commune En ecoutant chanter Potier Il y a cent ans commun commune Comme ouvriers et artisans Ils se battaient pour la Commune En ecoutant chanter Clement Devenus des soldats Aux consciences civiles C'etaient des federes Qui plantaient un drapeau Disputant l'avenir Aux paves de la ville C'etaient des forgerons Devenus des heros Il y a cent ans commun commune Comme un espoir mis au charnier Ils voyaient mourir la Commune Ah ! Laissez-moi chanter Potier Il y a cent ans commun commune Comme une etoile au firmament Ils s'eteignaient pour la Commune Ecoute bien chanter Clement |
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2. |
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Ils quittent un a un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie Loin de la terre ou ils sont nes Depuis longtemps ils en revaient De la ville et de ses secrets Du formica et du cine Les vieux ca n'etait pas original Quand ils s'essuyaient machinal D'un revers de manche les levres Mais ils savaient tous a propos Tuer la caille ou le perdreau Et manger la tomme de chevre Pourtant que la montagne est belle Comment peut-on s'imaginer En voyant un vol d'hirondelles Que l'automne vient d'arriver ? Avec leurs mains dessus leurs tetes Ils avaient monte des murettes Jusqu'au sommet de la colline Qu'importent les jours les annees Ils avaient tous l'ame bien nee Noueuse comme un pied de vigne Les vignes elles courent dans la foret Le vin ne sera plus tire C'etait une horrible piquette Mais il faisait des centenaires A ne plus savoir qu'en faire S'il ne vous tournait pas la tete Pourtant que la montagne est belle Comment peut-on s'imaginer En voyant un vol d'hirondelles Que l'automne vient d'arriver ? Deux chevres et puis quelques moutons Une annee bonne et l'autre non Et sans vacances et sans sorties Les filles veulent aller au bal Il n'y a rien de plus normal Que de vouloir vivre sa vie Leur vie ils seront flics ou fonctionnaires De quoi attendre sans s'en faire Que l'heure de la retraite sonne Il faut savoir ce que l'on aime Et rentrer dans son H.L.M. Manger du poulet aux hormones Pourtant que la montagne est belle Comment peut-on s'imaginer En voyant un vol d'hirondelles Que l'automne vient d'arriver ? |
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3. |
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4. |
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5. |
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6. |
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Que serais-je sans toi qui vins a ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un c?ur au bois dormant Que cette heure arretee au cadran de la montre Que serais-je sans toi que ce balbutiement J'ai tout appris de toi sur les choses humaines Et j'ai vu desormais le monde a ta facon J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines Comme on lit dans le ciel les etoiles lointaines Comme au passant qui chante on reprend sa chanson J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson Que serais-je sans toi qui vins a ma rencontre Que serais-je sans toi qu'un c?ur au bois dormant Que cette heure arretee au cadran de la montre Que serais-je sans toi que ce balbutiement J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne Qu'il fait jour a midi qu'un ciel peut etre bleu Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne Tu m'as pris par la main dans cet enfer moderne Ou l'homme ne sait plus ce que c'est qu'etre deux Tu m'as pris par la main comme un amant heureux Que serais-je sans toi qui vins a ma rencontre Que serais-je sans toi qu'un c?ur au bois dormant Que cette heure arretee au cadran de la montre Que serais-je sans toi que ce balbutiement Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes N'est-ce pas un sanglot de la deconvenue Une corde brisee aux doigts du guitariste Et pourtant je vous dis que le bonheur existe Ailleurs que dans le reve ailleurs que dans les nues Terre terre voici ses rades inconnues Que serais-je sans toi qui vins a ma rencontre Que serais-je sans toi qu'un c?ur au bois dormant Que cette heure arretee au cadran de la montre Que serais-je sans toi que ce balbutiement |
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7. |
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Ils sont nes pres de Barcelone
Ils ont grandi en Australie Ils se sont aimes a Paris Mais ils s'en vont encore d'ici Les Nomades Ils ont habite la roulotte Les quatre planches qui cahotent De Saint-Ouen aux Saintes-Maries Mais ils s'en vont encore d'ici Les Nomades Ni la couronne d'oranger Ni la cheminee de faux marbre Ne leur mettent racine au pied Ils ne sont pas comme les arbres Les Nomades Ils vont toujours de ville en plaine Il n'y a rien qui les retienne Eux c'est la route qui les mene En dimanche comme en semaine Les Nomades Ils ont eu froid comme personne Ils ont chante mieux que nous tous Mais c'est la route qui les pousse Avec des fifres a leurs trousses Les Nomades Qu'ils soient venus du fond des ages Tous les gitans, tous les tziganes Un violon leur a brise l'ame Ils en gardent parfois des larmes Les Nomades Ni la peur de mourir un jour Dans quelque ville frontaliere Sans tenir la main d'un amour Ne les arrete sur la terre Les Nomades Et quand on voit sous les platanes Passer les mulets et les anes On a beau etre des profanes On voudrait suivre la caravane Des Nomades |
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8. |
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Vingt ans au bagne ou a perpette
Les gaffes colles sur les aretes Comme des empreintes digitales Malgre les chaines et les boulets Visses dans l'ame et dans les pieds Les assassins et les pedales Elle reste nichee dans ta tete Avec des couleurs de paquerette De petite fleur qui met les voiles La cavale, la cavale Avec ces amours qui s'arretent Pas plutot dites qu'aussitot faites Pour devenir loi conjugale Trois momes et la vie a perpette Avec une femme qui te debecte Comme un paquet de linge sale Elle est nichee dans ta cervelle Avec des allures de pucelle Qu'on finit pas d'oter ses voiles La cavale, la cavale Malgre l'avenir qu'on projette Sur tes vingt ans comme une arete Ou tu t'etrangles ou tu l'avales Avoir a l'age de la retraite Quatre poireaux en vinaigrette Pour satisfaire ta fringale Elle te fait sortir dans la rue En levant tes deux poings aux nues Pour tenter d'atteindre une etoile La cavale, la cavale Avec pour couronner la fete Ce regime sur les aretes Qu'en finit pas de faire la malle Avec ses requins ses poulets Avec ses banquiers ses valets Et leurs discours sur la morale Elle reste nichee dans ta tete Avec des couleurs de paquerette De petite fleur qui met les voiles La cavale, la cavale ... |
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9. |
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10. |
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De plaines en forets de vallons en collines
Du printemps qui va naitre a tes mortes saisons De ce que j'ai vecu a ce que j'imagine Je n'en finirai pas d'ecrire ta chanson Ma France Au grand soleil d'ete qui courbe la Provence Des genets de Bretagne aux bruyeres d'Ardeche Quelque chose dans l'air a cette transparence Et ce gout du bonheur qui rend ma levre seche Ma France Cet air de liberte au-dela des frontieres Aux peuples etrangers qui donnaient le vertige Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige Elle repond toujours du nom de Robespierre Ma France Celle du vieil Hugo tonnant de son exil Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines Celle qui construisit de ses mains vos usines Celle dont monsieur Thiers a dit qu'on la fusille Ma France Picasso tient le monde au bout de sa palette Des levres d'Eluard s'envolent des colombes Ils n'en finissent pas tes artistes prophetes De dire qu'il est temps que le malheur succombe Ma France Leurs voix se multiplient a n'en plus faire qu'une Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs En remplissant l'histoire et ses fosses communes Que je chante a jamais celle des travailleurs Ma France Celle qui ne possede en or que ses nuits blanches Pour la lutte obstine de ce temps quotidien Du journal que l'on vend le matin d'un dimanche A l'affiche qu'on colle au mur du lendemain Ma France Qu'elle monte des mines descende des collines Celle qui chante en moi la belle la rebelle Elle tient l'avenir, serre dans ses mains fines Celle de trente-six a soixante-huit chandelles Ma France |
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11. |
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Il s'en allait courant
Il s'en allait criant Il s'en allait hurlant Les mains sur les oreilles On voyait qu'il fuyait On voyait qu'il pleurait On voyait qu'il tremblait On disait qu'est-ce que c'est Un enfant quitte Paris Il s'en va vers des merveilles Les merveilles de ces pays Ou l'oiseau fait encore son nid Il a dit ca fait mal C'est dur c'est trop brutal Ce vacarme infernal Ca casse les oreilles Il a dit les autos Les camions le metro Les usines les radios Les bennes les marteaux Un enfant quitte Paris Il s'en va vers des merveilles Les merveilles de ces pays Ou l'oiseau fait encore son nid Qu'est-ce que nous deviendrons Si les enfants s'en vont Si le soir nous n'avons Plus jamais leur sourire Et j'ai voulu crier J'ai voulu appeler J'ai voulu alerter Toute la societe Mais y avait les autos Les camions le metro Les usines les radios Les marteaux et les bennes Il y avait tout Paris Qui faisait trop de bruit Et nul ne m'entendit Il y a trop de bruit Il y a trop de bruit Il y a trop de bruit... |
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12. |
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Je voudrais mourir debout, dans un champ, au soleil,
Non dans un lit aux draps froisses, A l'ombre close des volets, Par ou ne vient plus une abeille, Une abeille ... Je voudrais mourir debout, dans un bois, au soleil, Sans entendre tout doucement, La porte et le chuchotement, Sans objet des femmes et des vieilles, Et des vieilles ... Je voudrais mourir debout, n'importe ou, au soleil, Tu ne serais pas la j'aurais, Ta main que je pourrais serrer, La bouche pleine de groseilles, De groseilles ... |
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13. |
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M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde
Qui chante au fond de moi au bruit de l'ocean M'en voudrez-vous beaucoup si la revolte gronde Dans ce nom que je dis au vent des quatre vents Ma memoire chante en sourdine Potemkine Ils etaient des marins durs a la discipline Ils etaient des marins, ils etaient des guerriers Et le cœur d'un marin au grand vent se burine Ils etaient des marins sur un grand cuirasse Sur les flots je t'imagine Potemkine M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde Ou celui qui a faim va etre fusille Le crime se prepare et la mer est profonde Que face aux revoltes montent les fusiliers C'est mon frere qu'on assassine Potemkine Mon frere, mon ami, mon fils, mon camarade Tu ne tireras pas sur qui souffre et se plaint Mon frere, mon ami, je te fais notre alcade Marin ne tire pas sur un autre marin Ils tournerent leurs carabines Potemkine M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde Ou l'on punit ainsi qui veut donner la mort M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde Ou l'on n'est pas toujours du cote du plus fort Ce soir j'aime la marine Potemkine |
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14. |
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C'est un joli nom Camarade
C'est un joli nom tu sais Qui marie cerise et grenade Aux cent fleurs du mois de mai Pendant des annees Camarade Pendant des annees tu sais Avec ton seul nom comme aubade Les levres s'epanouissaient Camarade Camarade C'est un nom terrible Camarade C'est un nom terrible a dire Quand, le temps d'une mascarade Il ne fait plus que fremir Que venez-vous faire Camarade Que venez-vous faire ici Ce fut a cinq heures dans Prague Que le mois d'aout s'obscurcit Camarade Camarade C'est un joli nom Camarade C'est un joli nom tu sais Dans mon c?ur battant la chamade Pour qu'il revive a jamais Se marient cerise et grenade Aux cent fleurs du mois de mai |
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15. |
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Mes amours
Vous qui me savez des votres Vous qui me savez si pauvre Si pauvre et si nu pourtant Mes amours La vie n'est qu'une chimere Si l'amour n'y vient pas faire Sa ronde d'oiseau geant Mes amours Moi qui ai cette fortune Entre mes mains desarmees Je pense a ceux qui n'ont qu'une Chanson triste pour pleurer Mes amours Mais il faut tant de chansons De poemes d'Aragon Pour sauver encore le nom De l'amour Mes amours Vous qui me savez offert Moi qui suit la bonne ferte Pour votre c?ur vagabond Mes amours La cruaute n'est qu'un leurre N'attendez pas que j'en pleure Pour partager ma chanson Mes amours Vous et moi c'est la conquete Dans ce monde devaste Le soleil a la fenetre Par dessus les cheminees Mes amours Mais il faut tant de chansons De poemes d'Aragon Pour sauver encore le nom De l'amour Mes amours Mais si vous savez m'entendre Si vous savez me comprendre Que je chante juste ou non Mes amours Voici la terre promise Quoi qu'on fasse quoi qu'on dise Le c?ur n'a qu'une chanson Mes amours Vous voici en terre douce La peur a cloue son bec Toujours coulera la source Sous le caillou le plus sec Mes amours Il y a tant de chansons De poemes d'Aragon Que l'on sauvera le nom De l'amour |
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20. |
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Aimer a perdre la raison
Aimer a n'en savoir que dire A n'avoir que toi d'horizon Et ne connaitre de saisons Que par la douleur du partir Aimer a perdre la raison Ah c'est toujours toi que l'on blesse C'est toujours ton miroir brise Mon pauvre bonheur, ma faiblesse Toi qu'on insulte et qu'on delaisse Dans toute chair martyrisee Aimer a perdre la raison Aimer a n'en savoir que dire A n'avoir que toi d'horizon Et ne connaitre de saisons Que par la douleur du partir Aimer a perdre la raison La faim, la fatigue et le froid Toutes les miseres du monde C'est par mon amour que j'y crois En elle je porte ma croix Et de leurs nuits ma nuit se fonde Aimer a perdre la raison Aimer a n'en savoir que dire A n'avoir que toi d'horizon Et ne connaitre de saisons Que par la douleur du partir Aimer a perdre la raison |
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21. |
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Avec leurs barbes noires
Leurs fusils demodes Leurs fusils demodes Leurs treillis delaves Comme drapeau l'espoir Comme drapeau l'espoir Ils ont pris le parti De vivre pour demain Ils ont pris le parti Des armes a la main Les guerilleros Les guerilleros S'ils sont une poignee Qui suivent leur chemin Qui suivent leur chemin Avant qu'il soit demain Ils seront des milliers Ils seront des milliers Il y a peu de temps Que le nom des sierras De tout un continent Rime avec Guevara Les guerilleros Les guerilleros Ce qu'ils ont dans le c?ur S'exprime simplement S'exprime simplement Deux mots pleins de douceur Deux mots rouges de sang Deux mots rouges de sang Cent millions de metis Savent de quel cote Se trouve la justice Comme la dignite Les guerilleros Les guerilleros Deux petits mots bien lisses Qui valent une armee Qui valent une armee Et toutes vos polices N'y pourront rien changer N'y pourront rien changer Mes freres qui savez Que les plus belles fleurs Poussent sur le fumier Voici que sonne l'heure Des guerilleros Des guerilleros |
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22. |
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Maria avait deux enfants
Deux garcons dont elle etait fiere Et c'etait bien la meme chair Et c'etait bien le meme sang Ils grandirent sur cette terre Pres de la Mediterrannee Ils grandirent dans la lumiere Entre l'olive et l'oranger C'est presque au jour de leurs vingt ans Qu'eclata la guerre civile On vit l'Espagne rouge de sang Crier dans un monde immobile Les deux garcons de Maria N'etaient pas dans le meme camp N'etaient pas du meme combat L'un etait rouge, et l'autre blanc Qui des deux tira le premier Le jour ou les fusils parlerent Et lequel des deux s'est tue Sur le corps tout chaud de son frere ? On ne sait pas. Tout ce qu'on sait C'est qu'on les retrouva ensemble Le blanc et le rouge meles A meme les pierres et la cendre Si vous lui parlez de la guerre Si vous lui dites liberte Elle vous montrera la pierre Ou ses enfants sont enterres Maria avait deux enfants Deux garcons dont elle etait fiere Et c'etait bien la meme chair Et c'etait bien le meme sang |
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25. |
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Ils etaient vingt et cent, ils etaient des milliers,
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombes, Qui dechiraient la nuit de leurs ongles battants, Ils etaient des milliers, ils etaient vingt et cent. Ils se croyaient des hommes, n'etaient plus que des nombres: Depuis longtemps leurs des avaient ete jetes. Des que la main retombe il ne reste qu'une ombre, Ils ne devaient jamais plus revoir un ete La fuite monotone et sans hate du temps, Survivre encore un jour, une heure, obstinement Combien de tours de roues, d'arrets et de departs Qui n'en finissent pas de distiller l'espoir. Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel, Certains priaient Jesus, Jehovah ou Vichnou, D'autres ne priaient pas, mais qu'importe le ciel, Ils voulaient simplement ne plus vivre a genoux. Ils n'arrivaient pas tous a la fin du voyage; Ceux qui sont revenus peuvent-ils etre heureux? Ils essaient d'oublier, etonnes qu'a leur age Les veines de leurs bras soient devenus si bleues. Les Allemands guettaient du haut des miradors, La lune se taisait comme vous vous taisiez, En regardant au loin, en regardant dehors, Votre chair etait tendre a leurs chiens policiers. On me dit a present que ces mots n'ont plus cours, Qu'il vaut mieux ne chanter que des chansons d'amour, Que le sang seche vite en entrant dans l'histoire, Et qu'il ne sert a rien de prendre une guitare. Mais qui donc est de taille a pouvoir m'arreter? L'ombre s'est faite humaine, aujourd'hui c'est l'ete, Je twisterais les mots s'il fallait les twister, Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous etiez. Vous etiez vingt et cent, vous etiez des milliers, Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombes, Qui dechiriez la nuit de vos ongles battants, Vous etiez des milliers, vous etiez vingt et cent. |
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26. |
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La mer sans arret
Roulait ses galets Les cheveux defaits Ils se regardaient Dans l'odeur des pins Du sable et du thym Qui baignait la plage Ils se regardaient Tous deux sans parler Comme s'ils buvaient l'eau de leurs visages Et c'etait comme si tout recommencait La meme innocence les faisait trembler Devant le merveilleux Le miraculeux Voyage de l'amour Dehors ils ont passe la nuit L'un contre l'autre ils ont dormi La mer longtemps les a berces Et quand ils se sont eveilles C'etait comme s'ils venaient au monde Dans le premier matin du monde La mer sans arret Roulait ses galets Quand ils ont couru Dans l'eau les pieds nus A l'ombre des pins Se sont pris la main Et sans se defendre Sont tombes dans l'eau Comme deux oiseaux Sous le baiser chaud de leurs bouches tendres Et c'etait comme si tout recommencait La vie, l'esperance et la liberte Avec le merveilleux Le miraculeux Voyage de l'amour |
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27. |
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Ah les saisons Ah les saisons
Je ne me lasse pas D'en rever les odeurs D'en vivre les couleurs D'en trouver les raisons Ah les saisons Ah les saisons Je serai l'automne a tes pieds Tu seras l'ete a ma bouche L'hiver aux doigts bleus qui se couche Nous serons printemps fou a lier Ah les saisons Ah les saisons Ja vais sans me lasser En guetter les rumeurs En voler les ardeurs En vivre a tes cotes Ah les saisons Ah les saisons Voir un seul hiver t'affamer Encore un ete t'epanouir Encore un printemps t'enflammer Un seul automne pour en rire Ah les saisons Ah les saisons Je ne me lasse pas D'en distiller les fleurs D'en jalouser chaque heure D'en mourir sans raison Ah les saisons Ah les saisons |
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Les demoiselles de magasin
Font sonner leur reveille-matin Pour s'en aller prendre leur train Les demoiselles de magasin Elles ne s'interessent a rien A part ces amants incertains Qui leur filent entre les mains Les demoiselles de magasin Et puis un beau jour Ces petites amours Elles plient leurs beaux tabliers Laissent le rideau de fer baisse Et les voila les bras croises Devant leurs comptoirs desertes Les demoiselles de magasin Qui menaient leur petit train train S'appretent a faire un de ces foins Les demoiselles de magasin Elles font greve avec entrain En croisant sagement leurs mains Sur leurs belles cuisses satin Les demoiselles de magasin Et puis un beau jour Ces petites amours Les voila qui vont defiler Un drapeau rouge deplie Et volent volent leurs baisers Sur les ouvriers d'a cote Les demoiselles de magasin Disaient leurs chefs avec chagrin Cachaient un serpent dans leur sein Les demoiselles de magasin Causez toujours tristes pantins Elles ne pensent plus qu'au grand brun Qui leur a dit : dimanche prochain Les demoiselles de magasin Vous verrez qu'un jour Ces petites amours Elles finiront par se marier Avec ces gars du defile Histoire de reconcilier L'amour avec la liberte |
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32. |
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Ils sont de tous les vestibules
De tous les salons majuscules Les Noctambules Soir apres soir ils font les boites Le cul pose sur de la ouate Les Noctambules Le teint blafard et l'?il vitreux Il se couchent tard et dorment peu Mais tous les soirs c'est immuable Ils ont un whisky sur la table Les Noctambules A Saint-Tropez, a Sainte-Canaille Ils se retrouvent vaille que vaille Les Noctambules Les P'tits Lits Blancs faut bien les faire Ils aiment soulager la misere Les Noctambules Les yeux bouffes par la fumee Les joues bouffies par le whisky Ils s'emmerdent avec elegance De Paris a Saint-Paul-de-Vence Les Noctambules Dans tous les endroits a la mode On en trouvera toujours en solde Des Noctambules Ils auront toujours une premiere Oui, mais le jour de leur derniere Les Noctambules Faudra les voir sous l'orchidee Dans la Jaguar des trepasses Et je m'demande si dans la boite Ils echangeront encore leur carte Les Noctambules |
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33. |
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Prisunic aux soleils d'aluminium fleuri
Je flane en vos jardins d'ustensiles etranges Prisunic Prisunic en passant je souris Aux petites vendeuses couleur de pschitt orange O vendeuses cheries en matiere plastique Prenez mon plasti-c?ur et mes plasti-baisers Puis nous nous coucherons dans l'herbe synthetique Nous ferons des enfants a l'ame triphasee Sur des arbres en carton y a de la plasti-mousse Et des plasti-nuages accroches aux neons Oh le celluloid comme il a la peau douce La machine a laver ou l'as-tu vue Leon Moi je n'ai d'yeux que pour les Prisunic vendeuses Engrangeant des etoiles aux refrigerateurs Imaginez-les donc en robes vaporeuses Elles mettraient un cochon dedans votre moteur Prisunic aux soleils d'aluminium tout gris La musique vous prend dans ses douces volutes Prisunic Prisunic vos neons sont fleuris Parait que le nylon ca brule en deux minutes |
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Des cages s'ouvrent sur des cages
Il y a dans l'air comme un naufrage Un c?ur quelque part ne bat plus Paris Un c?ur quelque part ne bat plus Paris Nous n'irons plus flaner aux Halles Au petit jour a peine pale Nous ne vous tendrons plus la main Andre Breton Apollinaire Poetes de la vie-lumiere Paris magique s'est eteint Couleur de fer coule la Seine Quelle injure crient tes sirenes Capitale prostituee Quand nos regards sans transparence Noyes dans des tonnes d'essence Pleurent des larmes polluees Des cages s'ouvrent sur des cages Il y a dans l'air comme un naufrage Un c?ur quelque part ne bat plus Paris Un c?ur quelque part ne bat plus Paris Il n'est de Paris que son ombre Des chercheurs d'or sur les decombres Dressent des banques de beton L'ordre massif regne immobile Le pauvre habite en bidonville Le riche a la ville bidon Dans les rues tracees a la trique Voici l'acier geometrique Des bastilles de la fureur Reviendrons-nous un jour les prendre Avant que vie ne tombe en cendres Du front de Paris creve-c?ur Des cages s'ouvrent sur des cages Il y a dans l'air comme un naufrage Un c?ur quelque part ne bat plus |
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