Disc 1 | ||||||
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1. |
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Ci-git au fond de mon c?ur une histoire ancienne,
Un fantome, un souvenir d'une que j'aimais... Le temps, a grands coups de faux, peut faire des siennes, Mon bel amour dure encore, et c'est a jamais... J'ai perdu la tramontane En trouvant Margot, Princesse vetue de laine, Deesse en sabots... Si les fleurs, le long des routes, S'mettaient a marcher, C'est a la Margot, sans doute, Qu'elles feraient songer... J'lui ai dit : " De la Madone, Tu es le portrait ! " Le Bon Dieu me le pardonne, C'etait un peu vrai... Qu'il me le pardonne ou non, D'ailleurs, je m'en fous, J'ai deja mon ame en peine : Je suis un voyou. La mignonne allait aux vepres Se mettre a genoux, Alors j'ai mordu ses levres Pour savoir leur gout... Elle m'a dit, d'un ton severe : " Qu'est-ce que tu fais la ? " Mais elle m'a laisse faire, Les filles c'est comme ca... J'lui ai dit : " Par la madone, Reste aupres de moi ! " Le Bon Dieu me le pardonne Mais chacun pour soi... Qu'il me le pardonne ou non, D'ailleurs, je m'en fous, J'ai deja mon ame en peine : Je suis un voyou. C'etait une fille sage, A " bouch', que veux tu ? " J'ai croque dans son corsage Les fruits defendus... Elle m'a dit d'un ton severe : " Qu'est-ce que tu fais la ? " Mais elle m'a laisse faire, Les fill's c'est comme ca... Puis j'ai dechire sa robe, Sans l'avoir voulu... Le Bon Dieu me le pardonne Je n'y tenais plus... Qu'il me le pardonne ou non, D'ailleurs, je m'en fous, J'ai deja mon ame en peine : Je suis un voyou. J'ai perdu la tramontane En perdant Margot, Qui epousa, contre son ame, Un triste bigot... Elle doit avoir a l'heure, A l'heure qu'il est, Deux ou trois marmots qui pleurent Pour avoir leur lait... Et, moi, j'ai tete leur mere Longtemps avant eux... Le Bon Dieu me le pardonne J'etais amoureux ! Qu'il me le pardonne ou non, D'ailleurs, je m'en fous, J'ai deja mon ame en peine : Je suis un voyou. |
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2. |
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On les r'trouve en raccourci,
Dans nos p'tits amours d'un jour Toutes les joies, tous les soucis Des amours qui durent toujours ! C'est la l'sort de la marine Et de toutes nos p'tites cheries On accoste. Vite ! Un bec Pour nos baisers, l'corps avec. Et les joies et les bouderies, Les facheries, les bons retours, On les r'trouve en raccourci, Dans nos p'tits amours d'un jour. On a ri, on s'est baises Sur les noeunoeils, les nenes, Dans les ch'veux, a plein becots, Pondus comme des ?ufs tout chauds Tout c'qu'on fait dans un seul jour ! Et comme on allonge le temps ! Plus d'trois fois, en un seul jour, Content, pas content, content. Y'a dans la chambre une odeur D'amour tendre et de goudron Ca vous met la joie au c?ur, La peine aussi et c'est bon. On n'est pas la pour causer? Mais on pense, meme dans l'amour. On pense que d'main, il fera jour Et qu'c'est une calamite. C'est la l'sort de la marine, Et de toutes nos p'tites cheries. On accoste. Mais on devine Qu'ca n'sera pas le paradis On aura beau s'depecher Faire, bon Dieu ! la pige au temps Et l'bourrer de tous nos peches, Ca n's'ra pas ca. Et pourtant Toutes les joies, tous les soucis Des amours qui durent toujours On les r'trouve en raccourci Dans nos p'tites amours d'un jour |
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3. |
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C'est a travers de larges grilles,
Que les femelles du canton Contemplaient un puissant gorille, Sans souci du qu'en-dira-t-on ; Avec impudeur, ces commeres Lorgnaient meme un endroit precis Que rigoureusement ma mere M'a defendu d'nommer ici. Gare au gorille ! Tout a coup, la prison bien close, Ou vivait le bel animal, S'ouvre on n'sait pourquoi (je suppose Qu'on avait du la fermer mal) ; Le singe, en sortant de sa cage, Dit : " C'est aujourd'hui que j'le perds ! " Il parlait de son pucelage, Vous aviez devine, j'espere ! Gare au gorille ! L'patron de la menagerie Criait eperdu : " Nom de nom ! C'est assommant car le gorille N'a jamais connu de guenon ! " Des que la feminine engeance Sut que le singe etait puceau Au lieu de profiter d'la chance Elle fit feu des deux fuseaux ! Gare au gorille Celles-la meme qui naguere Le couvaient d'un ?il decide Fuirent, prouvant qu'elles n'avaient guere De la suite dans les idees ; D'autant plus vaine etait leur crainte Que le gorille est un luron Superieur a l'homme dans l'etreinte, Bien des femmes vous le diront ! Gare au gorille ! Tout le monde se precipite Hors d'atteinte du singe en rut, Sauf une vieille decrepite Et un jeune juge en bois brut. Voyant que toutes se derobent, Le quadrumane accelera Son dandinement vers les robes De la vieille et du magistrat ! Gare au gorille ! " Bah ! soupirait la centenaire, Qu'on put encore me desirer Ce serait extraordinaire, Et, pour tout dire, inespere ! " Le juge pensait, impassible " Qu'on me prenne pour une guenon, C'est completement impossible? " La suite lui prouva que non ! Gare au gorille ! Supposez qu'un de vous puisse etre Comme le singe, oblige de Violer un juge ou une ancetre, Lequel choisirait-il des deux ? Qu'une alternative pareille, Un de ces quatre jours m'echoie C'est, j'en suis convaincu, la vieille Qui fera l'objet de mon choix ! Gare au gorille ! Mais par malheur, si le gorille Aux jeux de l'amour vaut son prix, On sait qu'en revanche il ne brille Ni par le gout ni par l'esprit. Lors, au lieu d'opter pour la vieille Comme aurait fait n'importe qui, Il saisit le juge a l'oreille Et l'entraina dans un maquis ! Gare au gorille La suite serait delectable, Malheureusement je ne peux Pas la dire et c'est regrettable, Ca nous aurait fait rire un peu ; Car le juge, au moment supreme, Criait : " Maman ! ", pleurait beaucoup, Comme l'homme auquel le jour meme Il avait fait trancher le cou. Gare au gorille ! |
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4. |
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Un bon petit diable a la fleur de l'age
La jambe legere et l'?il polisson, Et la bouche pleine de joyeux ramages Allait a la chasse aux papillons. Comme il atteignait l'oree du village Filant sa quenouille, il vit Cendrillon , Il lui dit : " Bonjour, que Dieu te menage, J't'emmene a la chasse aux papillons " Cendrillon, ravie de quitter sa cage, Met sa robe neuve et ses bottillons ; Et bras d'ssus bras d'ssous vers les frais bocages Ils vont a la chasse aux papillons. Ils ne savaient pas que sous les ombrages, Se cachait l'amour et son aiguillon, Et qu'il transpercait les c?urs de leur age, Les c?urs des chasseurs de papillons. Quand il se fit tendre, elle lui dit " J'presage Qu'c'est pas dans les plis de mon cotillon, Ni dans l'echancrure de mon corsage Qu'on va-t-a la chasse aux papillons " Sur sa bouche en feu qui criait : " Sois sage ! " Il posa sa bouche en guise de baillon, Et c'fut le plus charmant des remue-menage Qu'on ait vu d'memoire de papillon. Un volcan dans l'ame, i' r'vinrent au village, En se promettant d'aller des millions, Des milliards de fois, et meme davantage, Ensemble a la chasse aux papillons. Mais tant qu'ils s'aimeront, tant que les nuages Porteurs de chagrins, les epargneront, I f'ra bon voler dans les frais bocages, I' f'ront pas la chasse aux papillons Pas la chasse aux papillons |
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5. |
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He ! Donne-moi ta bouche, eh ! ma jolie fraise !
L'aube a mis des fraises plein notre horizon. Garde tes dindons, moi mes porcs, Therese. Ne r'pousse pas du pied mes p'tits cochons Va, comme hier ! comme hier ! comme hier ! Si tu ne m'aimes point, c'est moi qui t'aimerons L'un tient le couteau, l'autre la cuiller : La vie c'est toujours les memes chansons. Pour sauter l'gros sourceau de pierre en pierre Comme tous les jours mes bras t'enleveront Nos dindes, nos truies nous suivront legeres Ne r'pousse pas du pied mes p'tits cochons Va, comme hier ! comme hier ! comme hier ! Si tu ne m'aimes pas, c'est moi qui t'aimerons La vie c'est toujours amour et misere La vie c'est toujours les memes chansons J'ai tant de respect pour ton c?ur, Therese Et pour tes dindons, quand nous nous aimons Quand nous nous fachons, he ! ma jolie fraise Ne r'pousse pas du pied mes p'tits cochons Va, comme hier ! comme hier ! comme hier ! Si tu ne m'aimes point c'est moi qui t'aimerons L'un tient le couteau, l'autre la cuiller La vie c'est toujours la meme chanson |
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6. |
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Les gens qui voient de travers
Pensent que les bancs verts Qu'on voit sur les trottoirs Sont faits pour les impotents ou les ventripotents Mais c'est une absurdite, Car a la verite, Ils sont la, c'est notoire Pour accueillir quelque temps les amours debutants Refrain Les amoureux qui s'becotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s'foutant pas mal du regard oblique Des passants honnetes Les amoureux qui s'becotent sur les bancs publics Bancs publics, bancs publics En s'disant des " Je t'aime " pathetiques Ont des p'tites gueules bien sympathiques Ils se tiennent par la main, Parlent du lendemain Du papier bleu d'azur Que revetiront les murs de leur chambre a coucher? Ils se voient deja doucement, Elle cousant, lui fumant Dans un bien-etre sur Et choisissent les prenoms de leur premier bebe? Quand la sainte famille Machin Croise sur son chemin Deux de ces malappris, Elle leur decoche hardiment des propos venimeux N'empeche que toute la famille (Le pere, la mere, la fille, le fils le Saint-Esprit) Voudrait bien de temps en temps Pouvoir s'conduire comme eux Quand les mois auront passe Quand seront apaises Leurs beaux reves flambants Quand leur ciel se couvrira de gros nuages lourds Ils s'apercevront, emus, Qu'c'est au hasard des rues Sur un d'ces fameux bancs Qu'ils ont vecu le meilleur morceau de leur amour |
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7. |
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Margoton, la jeune bergere,
Trouvant dans l'herbe un petit chat Qui venait de perdre sa mere L'adopta? Elle entrouvre sa collerette Et le couche contre son sein C'etait tout ce qu'elle avait, pauvrette Comme coussin? Le chat, la prenant pour sa mere, Se mit a teter tout de go Emue Margot le laissa faire Brave Margot ! Un croquant, passant a la ronde, Trouvant le tableau peu commun, S'en alla le dire a tout le monde, Et le lendemain? Refrain Quand Margot degrafait son corsage Pour donner la gougoutte a son chat Tous les gars, tous les gars du village Etaient la, la la la la la Etaient la, la la la la Et Margot qu'etait simple et tres sage, Presumais qu'c'etait pour voir son chat Qu'tous les gars, qu'tous les gars du village Etaient la, la la la la la Etaient la, la la la la L'maitre d'ecole et ses potaches Le maire, le bedeau, le bougnat Negligeaient carrement leur tache Pour voir ca? Le facteur, d'ordinaire si preste Pour voir ca ne distribuait plus Les lettres que personne au reste N'aurait lues? Pour voir ca (Dieu le leur pardonne !) Les enfant de ch?ur, au milieu Du saint sacrifice abandonnent Le saint lieu? Les gendarmes, meme les gendarmes, Qui sont par nature si ballots Se laissaient toucher par le charme Du joli tableau (Refrain) Mais les autres femmes de la commune, Privees d'leurs epoux, d'leurs galants Accumulerent la rancune Patiemment? Puis un jour, ivres de colere, Elles s'armerent de batons Et, farouches, elles immolerent Le chaton? La bergere, apres bien des larmes Pour s'consoler prit un mari Et ne devoila plus ses charmes Que pour lui Le temps passa sur les memoires On oublia l'evenement Seuls des vieux racontent encore A leurs p'tis enfants? (Refrain) |
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8. |
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9. |
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Quand l'jour de gloire est arrive
Comme tous les autres etaient creves Moi seul connu le deshonneur De n'pas etre mort au champ d'honneur Je suis d'la mauvaise herbe, Braves gens, braves gens C'est pas moi qu'on rumine Et c'est pas moi qu'on met en gerbe? La mort faucha les autres, Braves gens, braves gens Et me fit grace a moi C'est immoral et c'est comme ca ! La la la la la la la La la la la la la la Et je m'demande Pourquoi, Bon Dieu, Ca vous derange que j'vive un peu Et je m'demande Pourquoi, Bon Dieu, Ca vous derange que j'vive un peu? La fille a tout l'monde a bon c?ur, Elle me donne, au petit bonheur Les p'tits bouts d'sa peau, bien caches, Que les autres n'ont pas touches. Je suis d'la mauvaise herbe, Braves gens, braves gens C'est pas moi qu'on rumine Et c'est pas moi qu'on met en gerbe? Elle se vend aux autres, Braves gens, braves gens Elle se donne a moi C'est immoral et c'est comme ca ! La la la la la la la La la la la la la la Et je m'demande Pourquoi, Bon Dieu, Ca vous derange qu'on m'aime un peu Et je m'demande Pourquoi, Bon Dieu, Ca vous derange qu'on m'aime un peu Les hommes sont faits, nous dit-on Pour vivre en bande, comme les moutons, Moi j'vis seul, et c'est pas demain Que je suivrai leur droit chemin Je suis d'la mauvaise herbe, Braves gens, braves gens C'est pas moi qu'on rumine Et c'est pas moi qu'on met en gerbe? Je suis d'la mauvaise herbe, Braves gens, braves gens Je pousse en liberte Dans les jardins mal frequentes ! La la la la la la la La la la la la la la Et je m'demande Pourquoi, Bon Dieu, Ca vous derange que j'vive un peu Et je m'demande Pourquoi, Bon Dieu, Ca vous derange que j'vive un peu |
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10. |
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Elle avait la taill' faite au tour,
Les hanches pleines, Et chassait l'male aux alentours De la Mad'leine ... A sa facon d'me dir' : " Mon rat, Est-c'que j'te tente ? " Je vis que j'avais affaire a Un' debutante ... L'avait l'don, c'est vrai, j'en conviens, L'avait l'genie, Mais, sans technique, un don n'est rien Qu'un' sal' manie ... Certes on ne se fait pas putain Comme on s'fait nonne, C'est du moins c'qu'on preche, en latin, A la Sorbonne ... Me sentant rempli de pitie Pour la donzelle, J'lui enseignai, de son metier, Les p'tit's ficelles ... J'lui enseignai l'moyen d'bientot Faire fortune, En bougeant l'endroit ou le dos R'ssemble a la lune ... Car, dans l'art de fair' le trottoir, Je le confesse, Le difficile est d'bien savoir Jouer des fesses ... On n'tortill' pas son popotin D'la meme maniere, Pour un droguiste, un sacristain, Un fonctionnaire ... Rapidement instruite par Mes bons offices, Elle m'investit d'une part D'ses benefices On s'aida mutuellement, Comm' dit l'poete. Ell' etait l'corps, naturell'ment, Puis moi la tete ... Un soir, a la suite de Man?uvres douteuses, Elle' tomba victim' d'une Maladie honteuse ... Lors, en tout bien, toute amitie, En fille probe, Elle me passa la moitie De ses microbes ... Apres des injections aigues D'antiseptique, J'abandonnai l'metier d'cocu Systematique ... Elle eut beau pousser des sanglots, Braire a tu'-tete, Comme je n'etais qu'un salaud, J'me fis honnete ... Sitot privee de ma tutelle, Ma pauvre amie Courut essuyer du bordel Les infamies ... Parait qu'elle s'vend meme a des flics, Quelle decadence ! Y'a plus d'moralite publique Dans notre France ... |
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11. |
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12. |
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14. |
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Les croquants vont en ville, a cheval sur leurs sous
Acheter des pucelles aux saintes bonnes gens Les croquants leur mettent a prix d'argent La main dessus, la main dessous? Mais la chair de Lisa, la chair fraiche de Lison (Que les culs cousus d'or se fassent une raison) C'est pour la bouche du premier venu Qui a les yeux tendres et les mains nues Refrain Les croquant, ca les attriste, ca Les etonne, les etonne Qu'une fille, une fille belle comme ca S'abandonne, s'abandonne Au premier ostrogoth venu Les croquants ca tombe des nues. Les filles de bonnes m?urs, les filles de bonne vie Qui ont vendu leur fleurette a la foire a l'encan Vont se vautrer dans la couche des croquants Quand les croquants en ont envie? Mais la chair de Lisa, la chair fraiche de Lison (Que les culs cousus d'or se fassent une raison) N'a jamais accorde ses faveurs A contre sou, a contrec?ur? (Refrain) Les filles de bonne vie ont le c?ur consistant Et la fleur qu'on y trouve est garantie longtemps, Comme les fleurs en papier des chapeaux, Les fleurs en pierre des tombeaux Mais le c?ur de Lisa, le grand c?ur de Lison Aime faire peau neuve avec chaque saison : Jamais deux fois la meme couleur, Jamais deux fois la meme fleur (Refrain) |
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15. |
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Philistins, epiciers
Tandis que vous caressiez Vos femmes En songeant aux petits Que vos grossiers appetits Engendrent, Vous pensiez : " ils seront Mentons rase, ventre rond, Notaires " Mais pour bien vous punir Un jour vous voyez venir Sur terre Des enfants non voulus Qui deviennent chevelus Poetes Vous pensiez : " ils seront Mentons rase, ventre rond, Notaires " Mais pour bien vous punir Un jour vous voyez venir Sur terre Des enfants non voulus Qui deviennent chevelus Poetes |
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16. |
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17. |
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18. |
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19. |
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Dans un coin pourri
Du pauvre Paris Sur une place, L'est un vieux bistrot Tenu par un gros Degueulasse. Si t'as le bec fin S'il te faut du vin D'premiere classe, Va boire a Passy Le nectar d'ici Te depasse. Mais si t'as l'gosier Qu'une armure d'acier Matelasse Goute a ce velours Ce petit bleu lourd De menaces Tu trouveras la La fine fleur de la Populace, Tous les marmiteux, Les calamiteux De la place. Qui viennent en rang, Comme des harengs Voir en face La belle du bistrot La femme a ce gros Degueulasse. Que je boive a fond L'eau de toutes les fon- Taines Wallace, Si des aujourd'hui, Tu n'es pas seduit Par la grace. De cette jolie fee Qui, d'un bouge, a fait Un palace Avec ses appas Du haut jusqu'en bas Bien en place Ces tresors exquis Qui les embrasse qui Les enlace ? Vraiment c'en est trop Tout ca pour ce gros Degueulasse ! C'est injuste et fou Mais que voulez-vous Qu'on y fasse ? L'amour se fait vieux Il a plus les yeux Bien en face Si tu fais ta cour Tache que tes discours Ne l'agacent Sois poli, mon gars Pas de geste ou ga Re a la casse Car sa main qui claque Punit d'un flic-flac Les audaces Certes il n'est pas ne Qui mettra le nez Dans sa tasse Pas ne le chanceux Qui degelera ce Bloc de glace Qui fera dans le dos Les cornes a ce gros Degueulasse Dans un coin pourri Du pauvre Paris Sur une place Une espece de fee D'un vieux bouge a fait Un palace. |
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20. |
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Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps
Le beau temps me degoute et m'fait grincer les dents Le bel azur me met en rage Car le plus grand amour qui m'fut donne sur terr' Je l'dois au mauvais temps, je l'dois a Jupiter Il me tomba d'un ciel d'orage Par un soir de novembre, a cheval sur les toits Un vrai tonnerr' de Brest, avec des cris d'putois Allumait ses feux d'artifice Bondissant de sa couche en costume de nuit Ma voisine affolee vint cogner a mon huis En reclamant mes bons offices " Je suis seule et j'ai peur, ouvrez-moi, par pitie Mon epoux vient d'partir faire son dur metier Pauvre malheureux mercenaire Contraint d'coucher dehors quand il fait mauvais temps Pour la bonne raison qu'il est representant D'un' maison de paratonnerres " En benissant le nom de Benjamin Franklin Je l'ai mise en lieu sur entre mes bras calins Et puis l'amour a fait le reste Toi qui semes des paratonnerr's a foison Que n'en as-tu plante sur ta propre maison Erreur on ne peut plus funeste Quand Jupiter alla se faire entendre ailleurs La belle, ayant enfin conjure sa frayeur Et recouvre tout son courage Rentra dans ses foyers fair' secher son mari En m'donnant rendez-vous les jours d'intemperie Rendez-vous au prochain orage A partir de ce jour j'n'ai plus baisse les yeux J'ai consacre mon temps a contempler les cieux A regarder passer les nues A guetter les stratus, a lorgner les nimbus A faire les yeux doux aux moindres cumulus Mais elle n'est pas revenue Son bonhomm' de mari avait tant fait d'affair's Tant vendu ce soir-la de petits bouts de fer Qu'il etait dev'nu millionnaire Et l'avait emmenee vers des cieux toujours bleus Des pays imbecil's ou jamais il ne pleut Ou l'on ne sait rien du tonnerre Dieu fass' que ma complainte aille, tambour battant Lui parler de la pluie, lui parler du gros temps Auxquels on a t'nu tete ensemble Lui conter qu'un certain coup de foudre assassin Dans le mill' de mon coeur a laisse le dessin D'un' petit' fleur qui lui ressemble |
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21. |
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Chez Jeanne, la Jeanne,
Son auberge est ouverte aux gens sans feu ni lieu, On pourrait l'appeler l'auberge du Bon Dieu S'il n'en existait deja une, La derniere ou l'on peut entrer Sans frapper, sans montrer patte blanche Chez Jeanne, la Jeanne, On est n'importe qui, on vient n'importe quand, Et, comme par miracle, par enchantement, On fait partie de la famille, Dans son c?ur, en s'poussant un peu, Reste encore une petite place? La Jeanne, la Jeanne Elle est pauvre et sa table est toujours mal servie, Mais le peu qu'on y trouve assouvit pour la vie Par la facon qu'elle le donne, Son pain ressemble a du gateau Et son eau a du vin comme deux gouttes d'eau? La Jeanne, la Jeanne On la paie quand on peut des prix mirobolants : Un baiser sur son front ou sur ses cheveux blancs, Un semblant d'accord de guitare L'adresse d'un chat echaude Ou d'un chien tout crotte comme pourboire? La Jeanne, la Jeanne Dans ses roses et ses choux n'a pas trouve d'enfant Qu'on aime et qu'on defend contre les quatre vents Et qu'on accroche a son corsage Et qu'on arrose avec son lait? D'autres qu'elle en seraient toutes chagrines? Mais Jeanne, la Jeanne Ne s'en soucie pas plus que de colin-tampon Etre mere de trois poulpiquets, a quoi bon ! Quand elle est mere universelle Quand tous les enfants de la terre De la mer et du ciel sont a elle |
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22. |
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Bien que ces vaches de bourgeois
Bien que ces vaches de bourgeois Les appellent des filles de joie Les appellent des filles de joie C'est pas tous les jours qu'elles rigolent Parole, parole C'est pas tous les jours qu'elles rigolent. Car meme avec des pieds de grue Car meme avec des pieds de grue Faire les cent pas le long des rues Faire les cent pas le long des rues C'est fatigant pour les guiboles Parole, parole C'est fatigant pour les guiboles Non seulement elles ont des cors Non seulement elles ont des cors Des ?ils de perdrix mais encore Des ?ils de perdrix mais encore C'est fou ce qu'elles usent de groles Parole, parole C'est fou ce qu'elles usent de groles. Y'a des clients, y'a des salauds Y'a des clients, y'a des salauds Qui se trempent jamais dans l'eau Qui se trempent jamais dans l'eau Faut pourtant qu'elles les cajolent Parole, parole Faut pourtant qu'elles les cajolent. Qu'elles leur fassent la courte echelle Qu'elles leur fassent la courte echelle Pour monter au septieme ciel Pour monter au septieme ciel Les sous croyez pas qu'elles les volent Parole, parole Les sous croyez pas qu'elles les volent Elles sont meprisees du public Elles sont meprisees du public Elles sont bousculees par les flics Elles sont bousculees par les flics Et menacees de la verole Parole, parole Et menacees de la verole Bien qu'toute la vie elles fassent l'amour Bien qu'toute la vie elles fassent l'amour Qu'elles se marient vingt fois par jour Qu'elles se marient vingt fois par jour La noce est jamais pour leur fiole Parole, parole La noce est jamais pour leur fiole Fils de pecore et de minus Fils de pecore et de minus Ris pas de la pauvre Venus Ris pas de la pauvre Venus La pauvre vieille casserole Parole, parole La pauvre vieille casserole Il s'en fallait de peu mon cher Il s'en fallait de peu mon cher Que cette putain ne fut ta mere Que cette putain ne fut ta mere Cette putain dont tu rigoles Parole, parole Cette putain dont tu rigoles. |
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23. |
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On creva ma premiere bulle de savon
Y'a plus de cinquante ans, depuis je me morfonds On jeta mon Pere Noel en bas du toit Ca fait belle lurette et j'en reste pantois Premier amour decu. Jamais plus, officiel Je ne suis remonte jusqu'au septieme ciel Le Bon Dieu deconnait, j'ai decroche Jesus De sa croix n'avait plus rien a faire dessus Les lendemains chantaient, Hourra l'Oural bravo ! Il m'a semble soudain qu'ils chantaient un peu faux J'ai couru pour quitter ce monde saugrenu Me jeter dans le premier ocean venu Juste voguait par la, le bateau des copains Je me suis accroche bien fort a ce grappin Et par enchantement tout fut regenere L'esperance cessa d'etre desesperee Et par enchantement tout fut regenere L'esperance cessa d'etre desesperee |