C'est pas l'homme qui prend la mer C'est la mer qui prend l'homme, Tatatin Moi la mer elle m'a pris Je m' souviens un Mardi J'ai troque mes santiags Et mon cuir un peu zone Contre une paire de docksides Et un vieux cire jaune J'ai deserte les crasses Qui m' disaient "Sois prudent" La mer c'est degueulasse Les poissons baisent dedans
{Refrain:} Des que le vent soufflera Je repartira Des que les vents tourneront Nous nous en allerons
C'est pas l'homme qui prend la mer C'est la mer qui prend l'homme Moi la mer elle m'a pris Au depourvu tans pis J'ai eu si mal au cœur Sur la mer en furie Qu' j'ai vomi mon quatre heures Et mon minuit aussi J' me suis cogne partout J'ai dormi dans des draps mouilles Ca m'a coute ses sous C'est d' la plaisance, c'est le pied
{Refrain}
Ho ho ho ho ho hissez haut ho ho ho
C'est pas l'homme qui prend la mer C'est la mer qui prend l'homme Mais elle prend pas la femme Qui prefere la campagne La mienne m'attend au port Au bout de la jetee L'horizon est bien mort Dans ses yeux delaves Assise sur une bitte D'amarrage, elle pleure Son homme qui la quitte La mer c'est son malheur
{Refrain}
C'est pas l'homme qui prend la mer C'est la mer qui prends l'homme Moi la mer elle m'a pris Comme on prend un taxi Je ferai le tour du monde Pour voir a chaque etape Si tous les gars du monde Veulent bien m' lacher la grappe J'irais aux quatre vents Foutre un peu le boxon Jamais les oceans N'oublieront mon prenom
{Refrain}
Ho ho ho ho ho hissez haut ho ho ho
C'est pas l'homme qui prend la mer C'est la mer qui prends l'homme Moi la mer elle m'a pris Et mon bateau aussi Il est fier mon navire Il est est beau mon bateau C'est un fameux trois mats Fin comme un oiseau {Hissez haut} Tabarly, Pageot Kersauson ou Riguidel Naviguent pas sur des cageots Ni sur des poubelles
{Refrain}
C'est pas l'homme qui prend la mer C'est la mer qui prends l'homme Moi la mer elle m'a pris Je m' souviens un Vendredi Ne pleure plus ma mere Ton fils est matelot Ne pleure plus mon pere Je vis au fil de l'eau Regardez votre enfant Il est parti marin Je sais c'est pas marrant Mais c'etait mon destin
{Refrain 3x}
Des que le vent soufflera Nous repartira Des que les vents tourneront Je me n'en allerons
J'appelle Slimane et j'ai quinze ans J' vis chez mes vieux a la Courneuve J'ai mon C.A.P. de delinquant J' suis pas un nul j'ai fais mes preuves Dans la bande c'est moi qu'est l' plus grand Sur l' bras j'ai tatoue une couleuvre J' suis pas encore alle en taule Parait qu' c'est a cause de mon age Parait d'ailleurs qu' c'est pas Byzance Que t'es un peu comme dans une cage Parce qu'ici tu crois qu' c'est drole Tu crois qu' la rue c'est des vacances
Refrain J'ai rien a gagner rien a perdre Meme pas la vie J'aime que la mort dans cette vie d' merde J'aime c' qu'est casse j'aime c' qu'est detruit J'aime surtout tout c' qu'y vous fait peur La douleur et la nuit
J'ai mis une annonce dans Libe Pour m' trouver une gonzesse sympa Qui bosserait pour m' payer ma bouffe Vu qu' moi l' boulot pour que j'y touche Y m' faudrait deux fois plus de doigts Comme quoi tu vois c'est pas gagne C' que voudrai c'est etre au chomdu Palper du ble sans rien glander Comme ca j' serai a la secu J' pourrai gratos me faire remplacer Toutes les ratiches que j'ai perdu Dans des bastons qu'ont mal tournees
Refrain
J'ai meme pas d' thune pour m' payer l'herbe Alors j' me defonce avec c' que j' peux Le triclo, la colle a rustine C'est vrai qu' des fois, ca fout la gerbe Mais pour le prix, c'est c' qu'on fait d' mieux Et puis ca nettoie les narines Le soir on rode sur des parkings On cherche une BM pas trop ruinee On l'emprunte pour une heure ou deux On largue la caisse a la Porte Dauphine On va aux putes juste pour mater Pour s'en souvenir l' soir dans notre pieu
Refrain
Y a un autre truc qui m' branche aussi C'est la musique avec des potes On a fait un groupe de hard rock On repete le soir dans une cave Sur des amplis un peu pourris Sur du matos un peu chou-rave On a meme trouve un vieux debile Qui voulait nous faire faire un disque ca a foire parce que c' minable Voulait pas qu'on chante en kabyle On l'y a mis la tete contre une brique Que meme la brique elle a eu mal
Refrain
Des fois j' me dis qu'a trois milles bornes De ma cite y a un pays Que j' connaitrai surement jamais Que p' t-etre c'est mieux qu' p't-etre c'est tant pis Qu' la-bas aussi j' serai etranger Qu' la-bas non plus je serai personne Alors pour m' sentir appartenir A un peuple a une patrie J' porte autour d' mon cou, sur mon cuir le keffieh noir et blanc et gris J' me suis invente des frangins Des amis qui crevent aussi
Y a un mariolle, il a au moins quatre ans Y veut t' piquer ta pelle et ton seau Ta couche culotte avec tes bonbecs dedans Lolita, defend-toi, fous-y un coup d' rateau dans l' dos Attend un peu avant de t' faire emmerder Par ces p'tits machos qui pensent qu'a une chose Jouer au docteur non conventionne J'y ai joue aussi, je sais de quoi j' cause J' les connais bien les play-boys des bacs a sable J' draguais leurs meres avant d' connaitre la tienne Si tu les ecoutes y t' feront porter leurs cartables 'Reusement qu' j' suis la, que j' te regarde et que j' t'aime
{Refrain:} Lola J' suis qu'un fantome quand tu vas ou j' suis pas Tu sais ma mome Que j' suis morgane de toi
Comme j'en ai marre de m' faire tatouer des machins Qui m' font comme une bande dessinee sur la peau J'ai ecrit ton nom avec des clous dores Un par un, plantes dans le cuir de mon blouson dans l' dos T'es la seule gonzesse que j' peux tenir dans mes bras Sans m' demettre une epaule, sans plier sous ton poids Tu peses moins lourd qu'un moineau qui mange pas Deploie jamais tes ailes, Lolita t'envole pas Avec tes miches de rat qu'on dirait des noisettes Et ta peau plus sucree qu'un pain au chocolat Tu risques de donner faim a un tas de p'tits mecs Quand t'iras a l'ecole, si jamais t'y vas
{Refrain}
Qu'est-ce qu' tu m' racontes tu veux un p'tit frangin Tu veux qu' j' t'achete un ami Pierrot Eh les bebes ca s' trouve pas dans les magasins Puis j' crois pas que ta mere voudra qu' j' lui fasse un p'tit dans l' dos Ben quoi Lola on est pas bien ensemble Tu crois pas qu'on est deja bien assez nombreux T'entends pas c' bruit, c'est le monde qui tremble Sous les cris des enfants qui sont malheureux Allez viens avec moi, j' t'embarque dans ma galere Dans mon arche y a d' la place pour tous les marmots Avant qu' ce monde devienne un grand cimetiere Faut profiter un peu du vent qu'on a dans l' dos
Elle a mis sur l' mur Au dessus du berceau Une photo d'Arthur Rimbaud Avec ses cheveux en brosse Elle trouve qu'il est beau Dans la chambre du gosse Bravo Deja les p'tits anges Sur le papier peint J' trouvais ca etrange J' dis rien Elle me font marrer Ses idees loufoques Depuis qu'elle est En cloque
Elle s' reveille la nuit Veut bouffer des fraises Elle a des envies Balaises Moi, j' suis aux p'tits soins J' me defonces en huit Pour qu'elle manque de rien Ma p'tite C'est comme si j' pissais Dans un violoncelle Comme si j'existais Plus pour elle Je m' retrouve plante Tout seul dans mon froc Depuis qu'elle est En cloque
Le soir elle tricote En buvant d' la verveine Moi j' demele ses pelotes De laine Elle use les miroirs A s' regarder dedans A s' trouver bizarre Tout le temps J' lui dit qu'elle est belle Comme un fruit trop mur Elle croit qu' je m' fous d'elle C'est sur Faut bien dire s' qu'y est Moi aussi j' debloque Depuis qu'elle est En cloque
Faut qu' j' retire mes grolles Quand j' rentre dans la chambre Du p'tit rossignol Qu'elle couve C'est qu' son p'tit bonhomme Qu'arrive en Decembre
Elle le protege comme Une louve Meme le chat pepere Elle en dit du mal Sous pretexte qu'il perd Ses poils Elle veut plus l' voir trainer Autour du paddock Depuis qu'elle est En cloque
Quand j' promene mes mains D' l'autre cote d' son dos J' sens comme des coups de poings Ca bouge J' lui dis "t'es un jardin" "Une fleur, un ruisseau" Alors elle devient Toute rouge Parfois c' qu'y m' desole C' qu'y fait du chagrin Quand j' regarde son ventre Puis l' mien C'est qu' meme si j' devenais Pede comme un phoque Moi j' serai jamais En cloque
J'avais ecrit une chanson Un vrai tube, un truc en or Avec des paroles en beton Un musique le genre Milord C'etait pas vraiment mon style Je m' suis dit j' vais la placer ca devrait pas etre difficile Y a d' la demande dans ce metier ye-ye J'ai rencontre Capdevielle Au bar de l'apocalypse J' lui ai dit ecoute ma vieille ca s'appelle le Cataclysme ca raconte l'histoire d'un ange Qu'est marchand de certitudes Et qui poignarde dans l' ciel etrange Le fantome des solitudes Il est pote avec Mary La bestiaire du crepuscule Ou tous les gardiens d' la nuit Viennent jouer les funambules Voila ma chanson mon pote Si t'en veux pas, pas d' malaise Je la remet dans ma culotte Mais tu sais pas c' que tu perds Ma chanson lui a pas plu N'en parlons plus
J'ai ecrit une autre chanson Un truc encore plus super Avec des paroles en beton Avec une musique d'enfer Mais elle correspondait pas trop A mon image, mon creneau Un peu comme si Dalida Chantait Bebop a Lula lalala J'ai rencontre Lavilliers Un soir a Geoffroy Guichard Dans l'enfer vert immacule J' lui ai raconte mon histoire La chanson s' passe a New York Y a Jimmy qui s' fait flinguer Par un black au coin d'un bloc Par un flic tres singulier Il etait pas vraiment mort Il etait blesse seulement Jimmy, il est vachement fort Il est dealer et on l' dit lent Voila ma chanson mon pote Si t'en veux pas, pas d' probleme Je la remet dans ma culotte Allez va dis-moi qu' tu l'aimes Ma chanson lui a pas plu N'en parlons plus
J' suis retourne a ma guitare Et a mon dictionnaire de rimes J'ai travaille tres tres tard J'ai fait une chanson sublime J' l'ai chante a deux trois potes Y m'ont dit "C'est pas pour toi" Sur que ta chanson nous botte Mais un conseil : oublie-la lalala 'Lors j'ai rencontre Cabrel Assis au bord de l'autoroute J' lui ai dit ma chanson s'appelle Sur le chemin de la route Et c'est l'histoire d'une nonne Amoureuse d'un caillou Dans sa vie y a plus personne Que les marchands et les fous Elle veut retrouver sa terre Et ses chevres et ses brebis Fuir le doute et la poussiere Et revoir sa Normandie Voila ma chanson mon pote Si t'en veut pas, pas d' lezards Je la remet dans ma culotte Ou au pire dans ma guitare Ma chanson lui a pas plu N'en parlons plus
Alors je m' suis dit "Basta !" J' fais plus qu' des chanson pour moi J' m'en suis ecrit une aussi sec Qui raconte l'histoire d'un mec Amoureux de sa mobylette Mais leur amour est impossible Elle aime une cle a molette Qui est d'une jalousie terrible, horrible A la fin le mec y meurt En mangeant une canette de biere La mobylette se suicide En s' faisant couler une bielle La cle a molette finit en taule Elle qui s' croyait en acier Et c'est sur cette fin pas drole Que s' termine ma chanson pas gaie Pis si elle vous a pas plu Vous savez ou j' me la met T't' facons elle sera pas foutue Elle sera au chaud, bien logee Parce que maintenant ma culotte J' vais t' dire, c'est un vrai juke-box Tu mets dix balles t'as quatre chansons T'en as meme une qu'a le son long
Tu sais qu' t'as un peu la gueule a James Dean Celle qu'il aurait eu s'il avait pas ete beau T'es bati comme une armoire de cuisine Le coeur dans l' tiroir, tout pres du couteau Lorsque j' vois s' pointer dans mon horizon Ta carcasse immense de grand chien paume J' dis tiens v'la Loulou, la fleur du baston V'la la bete humaine, v'la l'autre allume Je dis "Salut Georges", t'aime pas tellement ca Tu veux qu'on appelle de ton surnom d' voyou Celui qu' t'as ete quand t'etais moins gras Un p'tit plus jeune, et moins con surtout
Refrain
T'as pris des coups quand t'etais p'tit T'en as donne aussi beaucoup Maintenant tu prends surtout du bide Tu prends des rides, Loulou
Avec ton nez casse, tu frimes tous les mecs Tu dis qu' t'as ete boxeur, ca en jette Moi j' sais qu' ca t' vient d'un accident d' poussette Je l' tiens d' ta p'tite soeur que j' suis pote avec M'a tout raconte, ta frangine Ginette Ta vie, ta jeunesse, les conneries qu' t'as fait J' connais ton casier, il est pas vraiment net Mais c'est quand meme pas c'ui d'un depute T'etais une p'tite frappe, t'as roule ta bosse Arrete-toi Loulou, c'etait y'a dix piges Entre temps t'as ta femme et deux gosses Allez bois une biere, et file-moi une tige
Aujourd'hui t'as plus ta gueule et elle est grande Elle est plus aussi belle, mais ca tu t'en fous Y'a encore des momes qui t' croient chef de bande Encore des gonzesses qu'aiment bien tes yeux d' fou Tu les baratines avec tellement de bagou Qu' j' te soupconne de croire toi-meme a tes conneries Tu dis qu' t'as tout fait, qu' t'as ete partout Eh j' t'ai meme pas vu, et j'y etais aussi Mais dis-moi Loulou, t'as encore grossi Ah non, c'est du muscle, excuse-moi, j'oubliais Qu' tu fais du body building avec ton pote Rocky Pour garder la forme entre deux muflees
T'es l' roi d' la combine et des plans bidons Allez raconte-moi ta prochaine embrouille Est-ce-que t'as trouve encore un pigeon Un nouvelle galere pour t' remplir les fouilles Tu cherches un baton, rien que ca, t'as l' moral Pour racheter un lot d' blue jeans delaves Que t'espere fourguer au plus a cent balles Sois sympa Loulou, met-m'en un d' cote Bon j' vois qu' tu commences a etre allume Si tu veux j'arrete de m' foutre de ta gueule Tu sais j' suis pas mieux qu' toi avec mes trente balais Toi et moi ensemble, on est quand meme seuls
T'as pris des coups quand t'etais p'tit Moi j'en ai pas donne beaucoup Maintenant tu prends surtout du bide J'en prend aussi, Loulou
Ecoutez-moi, vous les ringards, Ecologistes du sam'di soir, Cette chanson-la vaut pas un clou, Mais je la chante rien que pour vous. Vous qui voulez du beau gazon, Des belles pelouses, des p'tits moutons, Des feuilles de vigne et des p'tites fleurs, Faudrait remettre vos montres a l'heure.
Moi, j'suis amoureux de Paname, Du beton et du macadam, Sous les paves, ouais c'est la plage, Mais l'bitume c'est mon paysage, Le bitume c'est mon paysage.
Ecoutez-moi, vous les ringards, Ecologistes des boul'vards, Vos beaux discours y'en a plein l'dos, Y'a du soleil dans les ruisseaux. La tour Montparnasse elle est belle, Et moi j'adore la tour Eiffel, Y'a plein d'amour dans les ruelles Et d'poesie dans les gratt'ciel.
Moi j'suis amoureux de Paname, Du beton et du macadam, Sous les paves, ouais c'est la plage, Mais l'bitume c'est mon paysage, Le bitume c'est mon paysage.
Ecoutez-moi, vous les ringards, Ecologistes des grands soirs, La pollution n'est pas dans l'air, Elle est sur vos visages blemes. Moi j'aime encore les pissotieres, J'aime encore l'odeur des poubelles, J'me parfume pas a l'oxygene, L'gaz carbonique c'est mon hygiene.
Moi j'suis amoureux de Paname, Du beton et du macadam, Sous les paves, ouais c'est la plage Mais l'bitume c'est mon paysage, Le bitume c'est mon paysage.
Non, ne crois pas, fillette, Me retenir encore Dans tes rues sans violettes, Dans ton triste decor. N'essaie pas de me suivre, Deserte mes rivages, Loin de toi, je veux vivre De plus beaux paysages.
Petite fille des sombres rues, eloigne-toi, Petite fille aux yeux perdus, tu m'oublieras.
J'ai trop longtemps vecu Dans de pauvres ruelles, Trop longtemps attendu Un dernier arc-en-ciel. J'ai besoin de soleil Et d'horizons moins gris, Je veux voir les merveilles Que, pres de toi, j'oublie.
Petite fille des sombres rues, eloigne-toi, Petite fille aux yeux perdus, tu m'oublieras.
Je ne suis pas de ceux Que chasse la lumiere, Et qui vivent heureux Un eternel hiver De l'amour je ne veux Que les filles des rivieres, Lorsque j'aime les yeux, J'aime aussi la chaumiere.
Petite fille des sombres rues, eloigne-toi, Petite fille aux yeux perdus, tu m'oublieras.
Nos chemins se separent, Entends, la vie m'appelle, Je quitte tes trottoirs Et tes grises dentelles. Je pars pour des royaumes Ou l'on m'attend peut-etre, Ou le bonheur embaume, Et donne un air de fete.
Petite fille des sombres rues, eloigne-toi, Petite fille aux yeux perdus, tu m'oublieras.
Laisse-moi m'en aller, Je n'ai plus rien a dire, Mais si tu veux pleurer, N'essaie pas de sourire. Retourne dans ta nuit, Au fond de tes faubourgs, Retourne dans l'ennui Qui habite tes jours.
Petite fille des sombres rues, eloigne-toi, Petite fille aux yeux perdus, tu m'oublieras.
Moi j'aime bien chanter la racaille, La mauvaise herbe des bas-quartiers, Les mauvais garcons, la canaille, Ceux qui sont nes sur le pave. J'ai bien du mal a les chanter Tell'ment qu'elles sont tristes mes histoires, Mais celle que j'vais vous raconter, Elle fait meme pleurer ma guitare.
Ecoutez-la, ma java sans joie, C'est la java d'un p'tit gars, Ecoutez-la, ma java sans joie, La java d'un p'tit gars qu'etait sans foi ni loi.
Sa mere l'avait eu un beau soir, Alors qu'elle s'y attendait pas, Il est ne pres des grands boul'vards, Sur le pave humide et froid. Il a jamais su l'nom d'son pere, Puisque sa vieille vingt fois par jour, Pour dix sacs s'envoyait en l'air, Dans un boxon d'la rue du Four.
Ecoutez-la, ma java sans joie, C'est la java d'un p'tit gars, Ecoutez-la, ma java sans joie, La java d'un p'tit gars qu'etait sans foi ni loi.
Apres avoir quitte l'ecole, Ou qu'y s'est pas trop attarde, Il s'est mis dans la cambriole, Avec ses copains de Saint-Mande. Il a voyoute quelque temps Avec Dede-le-Surineur, Avec Julot-d'Menilmontant, Et toute la bande du Sacre-Coeur.
Ecoutez-la, ma java sans joie, C'est la java d'un p'tit gars, Ecoutez-la, ma java sans joie, La java d'un p'tit gars qu'etait sans foi ni loi.
Il commencait a s'faire un nom, Et dans les petits bals musette, Lorsque jouait l'accordeon, On voyait tourner sa casquette. Il butta son premier larron Alors qu'il avait pas vingt ans, Le crime c'etait sa vocation, L'arnaque c'etait son temperament.
Ecoutez-la, ma java sans joie, C'est la java d'un p'tit gars, Ecoutez-la, ma java sans joie, La java d'un p'tit gars qu'etait sans foi ni loi.
Dans l'quartier ou i'f'sait son beurre, Y'a des gens qui l'appelaient Monsieur, Mais les flics ces petits fouineurs Ne le quittaient jamais des yeux. Quand il a eu un peu trop d'sang Sur ses doigts couverts de bijoux, Ils l'ont ficele sur du bois blanc Et ils lui ont tranche le cou.
Ecoutez-la, ma java sans joie, C'est la java d'un p'tit gars, Ecoutez-la, ma java sans joie, La java d'un p'tit gars qu'etait sans foi ni loi.
Andy Warhol, a la Coupole, Peint les gambettes de Mistinguett, Il les dessine tres longilignes, Leurs donne la forme du cou d'un cygne.
Lewis Carrol, a la Coupole, Parle de fillettes en salopettes, Il les devine vetues de Jean's, Pleines de paillettes sur les paumettes.
Elles me fascinent, toutes ces gamines, Avec leurs mines de Marylin, Sortant d'l'ecole, vers la Coupole, Elles caracollent et elles raccollent.
Quand vient le soir, j'aime aller boire Un verre d'alcool a la Coupole, Pour faire du gringue a toutes ces dingues, A toutes ces folles bien trop frivoles.
Toutes les idoles, de la Coupole, Les midinettes, les gigolettes, Les carolines en crinolines, Ne sont en fait que des starlettes.
Ils s'embrassent au mois de Janvier, car une nouvelle annee commence, mais depuis des eternites l'a pas tell'ment change la France. Passent les jours et les semaines, y a qu'le decor qui evolue, la mentalite est la meme : tous des tocards, tous des faux culs.
Ils sont pas lourds, en fevrier, a se souvenir de Charonne, des matraqueurs assermentes qui fignolerent leur besogne, la France est un pays de flics, a tous les coins d'rue y'en a 100, pour faire regner l'ordre public ils assassinent impunement.
Quand on execute au mois d'mars, de l'autr' cote des Pyrenees, un arnachiste du Pays basque, pour lui apprendre a s'revolter, ils crient, ils pleurent et ils s'indignent de cette immonde mise a mort, mais ils oublient qu'la guillotine chez nous aussi fonctionne encore.
Etre ne sous l'signe de l'hexagone, c'est pas c'qu'on fait d'mieux en c'moment, et le roi des cons, sur son trone, j'parierai pas qu'il est all'mand.
On leur a dit, au mois d'avril, a la tele, dans les journaux, de pas se decouvrir d'un fil, que l'printemps c'etait pour bientot, les vieux principes du seizieme siecle, et les vieilles traditions debiles, ils les appliquent tous a la lettre, y m'font pitie ces imbeciles.
Ils se souviennent, au mois de mai, d'un sang qui coula rouge et noir, d'une revolution manquee qui faillit renverser l'Histoire, j'me souviens surtout d'ces moutons, effrayes par la Liberte, s'en allant voter par millions pour l'ordre et la securite.
Ils commemorent au mois de juin un debarquement d'Normandie, ils pensent au brave soldat ricain qu'est v'nu se faire tuer loin d'chez lui, ils oublient qu'a l'abri des bombes, les Francais criaient "Vive Petain", qu'ils etaient bien planques a Londres, qu'y avait pas beaucoup d'Jean Moulin.
Etre ne sous l'signe de l'hexagone, c'est pas la gloire, en verite, et le roi des cons, sur son trone, me dites pas qu'il est portugais.
Ils font la fete au mois d'juillet, en souv'nir d'une revolution, qui n'a jamais elimine la misere et l'exploitation, ils s'abreuvent de bals populaires, d'feux d'artifice et de flonflons, ils pensent oublier dans la biere qu'ils sont gourvernes comme des pions.
Au mois d'aout c'est la liberte, apres une longue annee d'usine, ils crient : "Vive les conges payes", ils oublient un peu la machine, en Espagne, en Grece ou en France, ils vont polluer toutes les plages, et par leur unique presence, abimer tous les paysages.
Lorsqu'en septembre on assassine, un peuple et une liberte, au cœur de l'Amerique latine, ils sont pas nombreux a gueuler, un ambassadeur se ramene, bras ouverts il est accueilli, le fascisme c'est la gangrene a Santiago comme a Paris.
Etre ne sous l'signe de l'hexagone, c'est vraiment pas une sinecure, et le roi des cons, sur son trone, il est francais, ca j'en suis sur.
Finies les vendanges en octobre, le raisin fermente en tonneaux, ils sont tres fiers de leurs vignobles, leurs "Cotes-du-Rhone" et leurs "Bordeaux", ils exportent le sang de la terre un peu partout a l'etranger, leur pinard et leur camenbert c'est leur seule gloire a ces tarres.
En Novembre, au salon d'l'auto, ils vont admirer par milliers l'dernier modele de chez Peugeot, qu'ils pourront jamais se payer, la bagnole, la tele, l'tierce, c'est l'opium du peuple de France, lui supprimer c'est le tuer, c'est une drogue a accoutumance.
En decembre c'est l'apotheose, la grande bouffe et les p'tits cadeaux, ils sont toujours aussi moroses, mais y a d'la joie dans les ghettos, la Terre peut s'arreter d'tourner, ils rat'ront pas leur reveillon; moi j'voudrais tous les voir crever, etouffes de dinde aux marrons.
Etre ne sous l'signe de l'hexagone, on peut pas dire qu'ca soit bandant si l'roi des cons perdait son trone, y aurait 50 millions de pretendants.
Camarade bourgeois, Camarade fils-a-papa, La Triumph en bas d'chez toi, Le p'tit cheque en fin de mois, Regarde-toi AH AH AH Regarde-toi AH AH AH
Camarade bourgeois, Camarade fils-a-papa, T'as vraiment pas l'air con, Quand tu sors le dimanche Ton petit complet-veston Et ta chemise blanche. Regarde-toi AH AH AH Regarde-toi AH AH AH
Camarade bourgeois, Camarade fils-a-papa, Tu roules en Ferrari Ou en Lamborghini, Tu roules des epaules, Tu te crois super-drole, Regarde-toi AH AH AH Regarde-toi AH AH AH
Camarade bourgeois, Camarade fils-a-papa, Je sais, ton pere est patron, Faut pas en faire un complexe, Le jour d'la revolution, On lui coupera qu'la tete. Regarde-toi AH AH AH Regarde-toi AH AH AH
Camarade bourgeois, Camarade fils-a-papa, Tu passes ton temps au drugstore Sur les Champs-Elysees Tu te crois tres tres fort, T'es jamais qu'un minet. Regarde-toi AH AH AH Regarde-toi AH AH AH
Camarade bourgeois, Camarade fils-a-papa, Rejoins les rangs de la pegre, Tu prendras vraiment ton pied, Ne sois plus une petite pede, Nous sommes tous des defonces, Regarde-moi AH AH AH Regarde-moi AH AH AH Regarde-moi AH AH AH Regarde-moi AH AH AH