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Aimer a perdre la raison
Aimer a n'en savoir que dire A n'avoir que toi d'horizon Et ne connaitre de saisons Que par la douleur du partir Aimer a perdre la raison Ah c'est toujours toi que l'on blesse C'est toujours ton miroir brise Mon pauvre bonheur, ma faiblesse Toi qu'on insulte et qu'on delaisse Dans toute chair martyrisee Aimer a perdre la raison Aimer a n'en savoir que dire A n'avoir que toi d'horizon Et ne connaitre de saisons Que par la douleur du partir Aimer a perdre la raison La faim, la fatigue et le froid Toutes les miseres du monde C'est par mon amour que j'y crois En elle je porte ma croix Et de leurs nuits ma nuit se fonde Aimer a perdre la raison Aimer a n'en savoir que dire A n'avoir que toi d'horizon Et ne connaitre de saisons Que par la douleur du partir Aimer a perdre la raison |
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C'est un joli nom Camarade
C'est un joli nom tu sais Qui marie cerise et grenade Aux cent fleurs du mois de mai Pendant des annees Camarade Pendant des annees tu sais Avec ton seul nom comme aubade Les levres s'epanouissaient Camarade Camarade C'est un nom terrible Camarade C'est un nom terrible a dire Quand, le temps d'une mascarade Il ne fait plus que fremir Que venez-vous faire Camarade Que venez-vous faire ici Ce fut a cinq heures dans Prague Que le mois d'aout s'obscurcit Camarade Camarade C'est un joli nom Camarade C'est un joli nom tu sais Dans mon c?ur battant la chamade Pour qu'il revive a jamais Se marient cerise et grenade Aux cent fleurs du mois de mai |
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La mer sans arret
Roulait ses galets Les cheveux defaits Ils se regardaient Dans l'odeur des pins Du sable et du thym Qui baignait la plage Ils se regardaient Tous deux sans parler Comme s'ils buvaient l'eau de leurs visages Et c'etait comme si tout recommencait La meme innocence les faisait trembler Devant le merveilleux Le miraculeux Voyage de l'amour Dehors ils ont passe la nuit L'un contre l'autre ils ont dormi La mer longtemps les a berces Et quand ils se sont eveilles C'etait comme s'ils venaient au monde Dans le premier matin du monde La mer sans arret Roulait ses galets Quand ils ont couru Dans l'eau les pieds nus A l'ombre des pins Se sont pris la main Et sans se defendre Sont tombes dans l'eau Comme deux oiseaux Sous le baiser chaud de leurs bouches tendres Et c'etait comme si tout recommencait La vie, l'esperance et la liberte Avec le merveilleux Le miraculeux Voyage de l'amour |
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Vingt ans au bagne ou a perpette
Les gaffes colles sur les aretes Comme des empreintes digitales Malgre les chaines et les boulets Visses dans l'ame et dans les pieds Les assassins et les pedales Elle reste nichee dans ta tete Avec des couleurs de paquerette De petite fleur qui met les voiles La cavale, la cavale Avec ces amours qui s'arretent Pas plutot dites qu'aussitot faites Pour devenir loi conjugale Trois momes et la vie a perpette Avec une femme qui te debecte Comme un paquet de linge sale Elle est nichee dans ta cervelle Avec des allures de pucelle Qu'on finit pas d'oter ses voiles La cavale, la cavale Malgre l'avenir qu'on projette Sur tes vingt ans comme une arete Ou tu t'etrangles ou tu l'avales Avoir a l'age de la retraite Quatre poireaux en vinaigrette Pour satisfaire ta fringale Elle te fait sortir dans la rue En levant tes deux poings aux nues Pour tenter d'atteindre une etoile La cavale, la cavale Avec pour couronner la fete Ce regime sur les aretes Qu'en finit pas de faire la malle Avec ses requins ses poulets Avec ses banquiers ses valets Et leurs discours sur la morale Elle reste nichee dans ta tete Avec des couleurs de paquerette De petite fleur qui met les voiles La cavale, la cavale ... |
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Il y a cent ans commun commune
Comme un espoir mis en chantier Ils se leverent pour la Commune En ecoutant chanter Potier Il y a cent ans commun commune Comme une etoile au firmament Ils faisaient vivre la Commune En ecoutant chanter Clement C'etaient des ferronniers Aux enseignes fragiles C'etaient des menuisiers Aux cent coups de rabots Pour defendre Paris Ils se firent mobiles C'etaient des forgerons Devenus des moblots Il y a cent ans commun commune Comme artisans et ouvriers Ils se battaient pour la Commune En ecoutant chanter Potier Il y a cent ans commun commune Comme ouvriers et artisans Ils se battaient pour la Commune En ecoutant chanter Clement Devenus des soldats Aux consciences civiles C'etaient des federes Qui plantaient un drapeau Disputant l'avenir Aux paves de la ville C'etaient des forgerons Devenus des heros Il y a cent ans commun commune Comme un espoir mis au charnier Ils voyaient mourir la Commune Ah ! Laissez-moi chanter Potier Il y a cent ans commun commune Comme une etoile au firmament Ils s'eteignaient pour la Commune Ecoute bien chanter Clement |
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Ils quittent un a un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie Loin de la terre ou ils sont nes Depuis longtemps ils en revaient De la ville et de ses secrets Du formica et du cine Les vieux ca n'etait pas original Quand ils s'essuyaient machinal D'un revers de manche les levres Mais ils savaient tous a propos Tuer la caille ou le perdreau Et manger la tomme de chevre Pourtant que la montagne est belle Comment peut-on s'imaginer En voyant un vol d'hirondelles Que l'automne vient d'arriver ? Avec leurs mains dessus leurs tetes Ils avaient monte des murettes Jusqu'au sommet de la colline Qu'importent les jours les annees Ils avaient tous l'ame bien nee Noueuse comme un pied de vigne Les vignes elles courent dans la foret Le vin ne sera plus tire C'etait une horrible piquette Mais il faisait des centenaires A ne plus savoir qu'en faire S'il ne vous tournait pas la tete Pourtant que la montagne est belle Comment peut-on s'imaginer En voyant un vol d'hirondelles Que l'automne vient d'arriver ? Deux chevres et puis quelques moutons Une annee bonne et l'autre non Et sans vacances et sans sorties Les filles veulent aller au bal Il n'y a rien de plus normal Que de vouloir vivre sa vie Leur vie ils seront flics ou fonctionnaires De quoi attendre sans s'en faire Que l'heure de la retraite sonne Il faut savoir ce que l'on aime Et rentrer dans son H.L.M. Manger du poulet aux hormones Pourtant que la montagne est belle Comment peut-on s'imaginer En voyant un vol d'hirondelles Que l'automne vient d'arriver ? |
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Les demoiselles de magasin
Font sonner leur reveille-matin Pour s'en aller prendre leur train Les demoiselles de magasin Elles ne s'interessent a rien A part ces amants incertains Qui leur filent entre les mains Les demoiselles de magasin Et puis un beau jour Ces petites amours Elles plient leurs beaux tabliers Laissent le rideau de fer baisse Et les voila les bras croises Devant leurs comptoirs desertes Les demoiselles de magasin Qui menaient leur petit train train S'appretent a faire un de ces foins Les demoiselles de magasin Elles font greve avec entrain En croisant sagement leurs mains Sur leurs belles cuisses satin Les demoiselles de magasin Et puis un beau jour Ces petites amours Les voila qui vont defiler Un drapeau rouge deplie Et volent volent leurs baisers Sur les ouvriers d'a cote Les demoiselles de magasin Disaient leurs chefs avec chagrin Cachaient un serpent dans leur sein Les demoiselles de magasin Causez toujours tristes pantins Elles ne pensent plus qu'au grand brun Qui leur a dit : dimanche prochain Les demoiselles de magasin Vous verrez qu'un jour Ces petites amours Elles finiront par se marier Avec ces gars du defile Histoire de reconcilier L'amour avec la liberte |
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Avec leurs barbes noires
Leurs fusils demodes Leurs fusils demodes Leurs treillis delaves Comme drapeau l'espoir Comme drapeau l'espoir Ils ont pris le parti De vivre pour demain Ils ont pris le parti Des armes a la main Les guerilleros Les guerilleros S'ils sont une poignee Qui suivent leur chemin Qui suivent leur chemin Avant qu'il soit demain Ils seront des milliers Ils seront des milliers Il y a peu de temps Que le nom des sierras De tout un continent Rime avec Guevara Les guerilleros Les guerilleros Ce qu'ils ont dans le c?ur S'exprime simplement S'exprime simplement Deux mots pleins de douceur Deux mots rouges de sang Deux mots rouges de sang Cent millions de metis Savent de quel cote Se trouve la justice Comme la dignite Les guerilleros Les guerilleros Deux petits mots bien lisses Qui valent une armee Qui valent une armee Et toutes vos polices N'y pourront rien changer N'y pourront rien changer Mes freres qui savez Que les plus belles fleurs Poussent sur le fumier Voici que sonne l'heure Des guerilleros Des guerilleros |
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Ils sont de tous les vestibules
De tous les salons majuscules Les Noctambules Soir apres soir ils font les boites Le cul pose sur de la ouate Les Noctambules Le teint blafard et l'?il vitreux Il se couchent tard et dorment peu Mais tous les soirs c'est immuable Ils ont un whisky sur la table Les Noctambules A Saint-Tropez, a Sainte-Canaille Ils se retrouvent vaille que vaille Les Noctambules Les P'tits Lits Blancs faut bien les faire Ils aiment soulager la misere Les Noctambules Les yeux bouffes par la fumee Les joues bouffies par le whisky Ils s'emmerdent avec elegance De Paris a Saint-Paul-de-Vence Les Noctambules Dans tous les endroits a la mode On en trouvera toujours en solde Des Noctambules Ils auront toujours une premiere Oui, mais le jour de leur derniere Les Noctambules Faudra les voir sous l'orchidee Dans la Jaguar des trepasses Et je m'demande si dans la boite Ils echangeront encore leur carte Les Noctambules |
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Ils sont nes pres de Barcelone
Ils ont grandi en Australie Ils se sont aimes a Paris Mais ils s'en vont encore d'ici Les Nomades Ils ont habite la roulotte Les quatre planches qui cahotent De Saint-Ouen aux Saintes-Maries Mais ils s'en vont encore d'ici Les Nomades Ni la couronne d'oranger Ni la cheminee de faux marbre Ne leur mettent racine au pied Ils ne sont pas comme les arbres Les Nomades Ils vont toujours de ville en plaine Il n'y a rien qui les retienne Eux c'est la route qui les mene En dimanche comme en semaine Les Nomades Ils ont eu froid comme personne Ils ont chante mieux que nous tous Mais c'est la route qui les pousse Avec des fifres a leurs trousses Les Nomades Qu'ils soient venus du fond des ages Tous les gitans, tous les tziganes Un violon leur a brise l'ame Ils en gardent parfois des larmes Les Nomades Ni la peur de mourir un jour Dans quelque ville frontaliere Sans tenir la main d'un amour Ne les arrete sur la terre Les Nomades Et quand on voit sous les platanes Passer les mulets et les anes On a beau etre des profanes On voudrait suivre la caravane Des Nomades |
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Ah les saisons Ah les saisons
Je ne me lasse pas D'en rever les odeurs D'en vivre les couleurs D'en trouver les raisons Ah les saisons Ah les saisons Je serai l'automne a tes pieds Tu seras l'ete a ma bouche L'hiver aux doigts bleus qui se couche Nous serons printemps fou a lier Ah les saisons Ah les saisons Ja vais sans me lasser En guetter les rumeurs En voler les ardeurs En vivre a tes cotes Ah les saisons Ah les saisons Voir un seul hiver t'affamer Encore un ete t'epanouir Encore un printemps t'enflammer Un seul automne pour en rire Ah les saisons Ah les saisons Je ne me lasse pas D'en distiller les fleurs D'en jalouser chaque heure D'en mourir sans raison Ah les saisons Ah les saisons |
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De plaines en forets de vallons en collines
Du printemps qui va naitre a tes mortes saisons De ce que j'ai vecu a ce que j'imagine Je n'en finirai pas d'ecrire ta chanson Ma France Au grand soleil d'ete qui courbe la Provence Des genets de Bretagne aux bruyeres d'Ardeche Quelque chose dans l'air a cette transparence Et ce gout du bonheur qui rend ma levre seche Ma France Cet air de liberte au-dela des frontieres Aux peuples etrangers qui donnaient le vertige Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige Elle repond toujours du nom de Robespierre Ma France Celle du vieil Hugo tonnant de son exil Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines Celle qui construisit de ses mains vos usines Celle dont monsieur Thiers a dit qu'on la fusille Ma France Picasso tient le monde au bout de sa palette Des levres d'Eluard s'envolent des colombes Ils n'en finissent pas tes artistes prophetes De dire qu'il est temps que le malheur succombe Ma France Leurs voix se multiplient a n'en plus faire qu'une Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs En remplissant l'histoire et ses fosses communes Que je chante a jamais celle des travailleurs Ma France Celle qui ne possede en or que ses nuits blanches Pour la lutte obstine de ce temps quotidien Du journal que l'on vend le matin d'un dimanche A l'affiche qu'on colle au mur du lendemain Ma France Qu'elle monte des mines descende des collines Celle qui chante en moi la belle la rebelle Elle tient l'avenir, serre dans ses mains fines Celle de trente-six a soixante-huit chandelles Ma France |
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Maria avait deux enfants
Deux garcons dont elle etait fiere Et c'etait bien la meme chair Et c'etait bien le meme sang Ils grandirent sur cette terre Pres de la Mediterrannee Ils grandirent dans la lumiere Entre l'olive et l'oranger C'est presque au jour de leurs vingt ans Qu'eclata la guerre civile On vit l'Espagne rouge de sang Crier dans un monde immobile Les deux garcons de Maria N'etaient pas dans le meme camp N'etaient pas du meme combat L'un etait rouge, et l'autre blanc Qui des deux tira le premier Le jour ou les fusils parlerent Et lequel des deux s'est tue Sur le corps tout chaud de son frere ? On ne sait pas. Tout ce qu'on sait C'est qu'on les retrouva ensemble Le blanc et le rouge meles A meme les pierres et la cendre Si vous lui parlez de la guerre Si vous lui dites liberte Elle vous montrera la pierre Ou ses enfants sont enterres Maria avait deux enfants Deux garcons dont elle etait fiere Et c'etait bien la meme chair Et c'etait bien le meme sang |
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Mes amours
Vous qui me savez des votres Vous qui me savez si pauvre Si pauvre et si nu pourtant Mes amours La vie n'est qu'une chimere Si l'amour n'y vient pas faire Sa ronde d'oiseau geant Mes amours Moi qui ai cette fortune Entre mes mains desarmees Je pense a ceux qui n'ont qu'une Chanson triste pour pleurer Mes amours Mais il faut tant de chansons De poemes d'Aragon Pour sauver encore le nom De l'amour Mes amours Vous qui me savez offert Moi qui suit la bonne ferte Pour votre c?ur vagabond Mes amours La cruaute n'est qu'un leurre N'attendez pas que j'en pleure Pour partager ma chanson Mes amours Vous et moi c'est la conquete Dans ce monde devaste Le soleil a la fenetre Par dessus les cheminees Mes amours Mais il faut tant de chansons De poemes d'Aragon Pour sauver encore le nom De l'amour Mes amours Mais si vous savez m'entendre Si vous savez me comprendre Que je chante juste ou non Mes amours Voici la terre promise Quoi qu'on fasse quoi qu'on dise Le c?ur n'a qu'une chanson Mes amours Vous voici en terre douce La peur a cloue son bec Toujours coulera la source Sous le caillou le plus sec Mes amours Il y a tant de chansons De poemes d'Aragon Que l'on sauvera le nom De l'amour |
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Je voudrais mourir debout, dans un champ, au soleil,
Non dans un lit aux draps froisses, A l'ombre close des volets, Par ou ne vient plus une abeille, Une abeille ... Je voudrais mourir debout, dans un bois, au soleil, Sans entendre tout doucement, La porte et le chuchotement, Sans objet des femmes et des vieilles, Et des vieilles ... Je voudrais mourir debout, n'importe ou, au soleil, Tu ne serais pas la j'aurais, Ta main que je pourrais serrer, La bouche pleine de groseilles, De groseilles ... |
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Ils etaient vingt et cent, ils etaient des milliers,
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombes, Qui dechiraient la nuit de leurs ongles battants, Ils etaient des milliers, ils etaient vingt et cent. Ils se croyaient des hommes, n'etaient plus que des nombres: Depuis longtemps leurs des avaient ete jetes. Des que la main retombe il ne reste qu'une ombre, Ils ne devaient jamais plus revoir un ete La fuite monotone et sans hate du temps, Survivre encore un jour, une heure, obstinement Combien de tours de roues, d'arrets et de departs Qui n'en finissent pas de distiller l'espoir. Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel, Certains priaient Jesus, Jehovah ou Vichnou, D'autres ne priaient pas, mais qu'importe le ciel, Ils voulaient simplement ne plus vivre a genoux. Ils n'arrivaient pas tous a la fin du voyage; Ceux qui sont revenus peuvent-ils etre heureux? Ils essaient d'oublier, etonnes qu'a leur age Les veines de leurs bras soient devenus si bleues. Les Allemands guettaient du haut des miradors, La lune se taisait comme vous vous taisiez, En regardant au loin, en regardant dehors, Votre chair etait tendre a leurs chiens policiers. On me dit a present que ces mots n'ont plus cours, Qu'il vaut mieux ne chanter que des chansons d'amour, Que le sang seche vite en entrant dans l'histoire, Et qu'il ne sert a rien de prendre une guitare. Mais qui donc est de taille a pouvoir m'arreter? L'ombre s'est faite humaine, aujourd'hui c'est l'ete, Je twisterais les mots s'il fallait les twister, Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous etiez. Vous etiez vingt et cent, vous etiez des milliers, Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombes, Qui dechiriez la nuit de vos ongles battants, Vous etiez des milliers, vous etiez vingt et cent. |
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Des cages s'ouvrent sur des cages
Il y a dans l'air comme un naufrage Un c?ur quelque part ne bat plus Paris Un c?ur quelque part ne bat plus Paris Nous n'irons plus flaner aux Halles Au petit jour a peine pale Nous ne vous tendrons plus la main Andre Breton Apollinaire Poetes de la vie-lumiere Paris magique s'est eteint Couleur de fer coule la Seine Quelle injure crient tes sirenes Capitale prostituee Quand nos regards sans transparence Noyes dans des tonnes d'essence Pleurent des larmes polluees Des cages s'ouvrent sur des cages Il y a dans l'air comme un naufrage Un c?ur quelque part ne bat plus Paris Un c?ur quelque part ne bat plus Paris Il n'est de Paris que son ombre Des chercheurs d'or sur les decombres Dressent des banques de beton L'ordre massif regne immobile Le pauvre habite en bidonville Le riche a la ville bidon Dans les rues tracees a la trique Voici l'acier geometrique Des bastilles de la fureur Reviendrons-nous un jour les prendre Avant que vie ne tombe en cendres Du front de Paris creve-c?ur Des cages s'ouvrent sur des cages Il y a dans l'air comme un naufrage Un c?ur quelque part ne bat plus |
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from Jean Ferrat - 2cd Collection Vol.1 (2001)
M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde
Qui chante au fond de moi au bruit de l'ocean M'en voudrez-vous beaucoup si la revolte gronde Dans ce nom que je dis au vent des quatre vents Ma memoire chante en sourdine Potemkine Ils etaient des marins durs a la discipline Ils etaient des marins, ils etaient des guerriers Et le cœur d'un marin au grand vent se burine Ils etaient des marins sur un grand cuirasse Sur les flots je t'imagine Potemkine M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde Ou celui qui a faim va etre fusille Le crime se prepare et la mer est profonde Que face aux revoltes montent les fusiliers C'est mon frere qu'on assassine Potemkine Mon frere, mon ami, mon fils, mon camarade Tu ne tireras pas sur qui souffre et se plaint Mon frere, mon ami, je te fais notre alcade Marin ne tire pas sur un autre marin Ils tournerent leurs carabines Potemkine M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde Ou l'on punit ainsi qui veut donner la mort M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde Ou l'on n'est pas toujours du cote du plus fort Ce soir j'aime la marine Potemkine |
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from Jean Ferrat - 2cd Collection Vol.1 (2001)
Prisunic aux soleils d'aluminium fleuri
Je flane en vos jardins d'ustensiles etranges Prisunic Prisunic en passant je souris Aux petites vendeuses couleur de pschitt orange O vendeuses cheries en matiere plastique Prenez mon plasti-c?ur et mes plasti-baisers Puis nous nous coucherons dans l'herbe synthetique Nous ferons des enfants a l'ame triphasee Sur des arbres en carton y a de la plasti-mousse Et des plasti-nuages accroches aux neons Oh le celluloid comme il a la peau douce La machine a laver ou l'as-tu vue Leon Moi je n'ai d'yeux que pour les Prisunic vendeuses Engrangeant des etoiles aux refrigerateurs Imaginez-les donc en robes vaporeuses Elles mettraient un cochon dedans votre moteur Prisunic aux soleils d'aluminium tout gris La musique vous prend dans ses douces volutes Prisunic Prisunic vos neons sont fleuris Parait que le nylon ca brule en deux minutes |
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Que serais-je sans toi qui vins a ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un c?ur au bois dormant Que cette heure arretee au cadran de la montre Que serais-je sans toi que ce balbutiement J'ai tout appris de toi sur les choses humaines Et j'ai vu desormais le monde a ta facon J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines Comme on lit dans le ciel les etoiles lointaines Comme au passant qui chante on reprend sa chanson J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson Que serais-je sans toi qui vins a ma rencontre Que serais-je sans toi qu'un c?ur au bois dormant Que cette heure arretee au cadran de la montre Que serais-je sans toi que ce balbutiement J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne Qu'il fait jour a midi qu'un ciel peut etre bleu Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne Tu m'as pris par la main dans cet enfer moderne Ou l'homme ne sait plus ce que c'est qu'etre deux Tu m'as pris par la main comme un amant heureux Que serais-je sans toi qui vins a ma rencontre Que serais-je sans toi qu'un c?ur au bois dormant Que cette heure arretee au cadran de la montre Que serais-je sans toi que ce balbutiement Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes N'est-ce pas un sanglot de la deconvenue Une corde brisee aux doigts du guitariste Et pourtant je vous dis que le bonheur existe Ailleurs que dans le reve ailleurs que dans les nues Terre terre voici ses rades inconnues Que serais-je sans toi qui vins a ma rencontre Que serais-je sans toi qu'un c?ur au bois dormant Que cette heure arretee au cadran de la montre Que serais-je sans toi que ce balbutiement |
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Il s'en allait courant
Il s'en allait criant Il s'en allait hurlant Les mains sur les oreilles On voyait qu'il fuyait On voyait qu'il pleurait On voyait qu'il tremblait On disait qu'est-ce que c'est Un enfant quitte Paris Il s'en va vers des merveilles Les merveilles de ces pays Ou l'oiseau fait encore son nid Il a dit ca fait mal C'est dur c'est trop brutal Ce vacarme infernal Ca casse les oreilles Il a dit les autos Les camions le metro Les usines les radios Les bennes les marteaux Un enfant quitte Paris Il s'en va vers des merveilles Les merveilles de ces pays Ou l'oiseau fait encore son nid Qu'est-ce que nous deviendrons Si les enfants s'en vont Si le soir nous n'avons Plus jamais leur sourire Et j'ai voulu crier J'ai voulu appeler J'ai voulu alerter Toute la societe Mais y avait les autos Les camions le metro Les usines les radios Les marteaux et les bennes Il y avait tout Paris Qui faisait trop de bruit Et nul ne m'entendit Il y a trop de bruit Il y a trop de bruit Il y a trop de bruit... |
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from Jean Ferrat - Master Serie Jean Ferrat Vol.1,2 (2001) | |||||
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Aimer a perdre la raison
Aimer a n'en savoir que dire A n'avoir que toi d'horizon Et ne connaitre de saisons Que par la douleur du partir Aimer a perdre la raison Ah c'est toujours toi que l'on blesse C'est toujours ton miroir brise Mon pauvre bonheur, ma faiblesse Toi qu'on insulte et qu'on delaisse Dans toute chair martyrisee Aimer a perdre la raison Aimer a n'en savoir que dire A n'avoir que toi d'horizon Et ne connaitre de saisons Que par la douleur du partir Aimer a perdre la raison La faim, la fatigue et le froid Toutes les miseres du monde C'est par mon amour que j'y crois En elle je porte ma croix Et de leurs nuits ma nuit se fonde Aimer a perdre la raison Aimer a n'en savoir que dire A n'avoir que toi d'horizon Et ne connaitre de saisons Que par la douleur du partir Aimer a perdre la raison |
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Dors petit homme
Dors petit frere La nuit A Bahia de tous les Saints Bruisse de papier d'etain D'ombres dures et familieres La nuit Tu t'endors le long des quais Pres des futs abandonnes Poings fermes dans la poussiere Dors petit homme Dors petit frere La faim Met sa robe d'apparat C'est l'heure ou l'on voit les rats Regagner les grands navires C'est l'heure Ou des financiers au bras Les putains ouvrent leurs draps En forme de tirelire Dors petit homme Dors petit frere Parfois Tu ecoutes les indiens Parler de mal et de bien Sur leurs siecles de misere Tu vois Le diable n'est qu'un pantin Qui s'evanouit au matin Quand tu leves la paupiere Dors petit homme Dors petit frere Hier Sur les toits jaune orange L'oiseau qui te fait rever A survole la frontiere |
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C'est un joli nom Camarade
C'est un joli nom tu sais Qui marie cerise et grenade Aux cent fleurs du mois de mai Pendant des annees Camarade Pendant des annees tu sais Avec ton seul nom comme aubade Les levres s'epanouissaient Camarade Camarade C'est un nom terrible Camarade C'est un nom terrible a dire Quand, le temps d'une mascarade Il ne fait plus que fremir Que venez-vous faire Camarade Que venez-vous faire ici Ce fut a cinq heures dans Prague Que le mois d'aout s'obscurcit Camarade Camarade C'est un joli nom Camarade C'est un joli nom tu sais Dans mon c?ur battant la chamade Pour qu'il revive a jamais Se marient cerise et grenade Aux cent fleurs du mois de mai |
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from Jean Ferrat - Master Serie Jean Ferrat Vol.1,2 (2001)
La mer sans arret
Roulait ses galets Les cheveux defaits Ils se regardaient Dans l'odeur des pins Du sable et du thym Qui baignait la plage Ils se regardaient Tous deux sans parler Comme s'ils buvaient l'eau de leurs visages Et c'etait comme si tout recommencait La meme innocence les faisait trembler Devant le merveilleux Le miraculeux Voyage de l'amour Dehors ils ont passe la nuit L'un contre l'autre ils ont dormi La mer longtemps les a berces Et quand ils se sont eveilles C'etait comme s'ils venaient au monde Dans le premier matin du monde La mer sans arret Roulait ses galets Quand ils ont couru Dans l'eau les pieds nus A l'ombre des pins Se sont pris la main Et sans se defendre Sont tombes dans l'eau Comme deux oiseaux Sous le baiser chaud de leurs bouches tendres Et c'etait comme si tout recommencait La vie, l'esperance et la liberte Avec le merveilleux Le miraculeux Voyage de l'amour |
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Les guitares jouent des serenades
Que j'entends sonner comme un tocsin Mais jamais je n'atteindrai Grenade "Bien que j'en sache le chemin" Dans ta voix Galopaient des cavaliers Et les gitans etonnes Levaient leurs yeux de bronze et d'or Si ta voix se brisa Voila plus de vingt ans qu'elle resonne encore Federico Garcia Voila plus de vingt ans, Camarades Que la nuit regne sur Grenade Il n'y a plus de prince dans la ville Pour rever tout haut Depuis le jour ou la guardia civil T'a mis au cachot Et ton sang tiede en quete de l'aurore S'apprete deja J'entends monter par de longs corridors Le bruit de leurs pas Et voici la porte grande ouverte On t'entraine par les rues desertees Ah! Laissez-moi le temps de connaitre Ce que ma mere m'a donne Mais deja Face au mur blanc de la nuit Tes yeux voient dans un eclair Les champs d'oliviers endormis Et ne se ferment pas Devant l'acre lueur eclatant des fusils Federico Garcia Les lauriers ont pali, Camarades Le jour se leve sur Grenade Dure est la pierre et froide la campagne Garde les yeux clos De noirs taureaux font mugir la montagne Garde les yeux clos Et vous Gitans, serrez bien vos compagnes Au creux des lits chauds Ton sang inonde la terre d'Espagne O Federico Les guitares jouent des serenades Dont les voix se brisent au matin Non, jamais je n'atteindrai Grenade "Bien que j'en sache le chemin" |
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Pour ce rien cet imponderableQui fait qu'on croit a l'incroyableAu premier regard echangePour cet instant de trouble etrangeOu l'on entend rire les angesAvant meme de se toucherPour cette robe que l'on froleCe chale quittant vos epaulesEn haut des marches d'escalierJe vous aimeJe vous aimePour la lampe deja eteinteEt la premiere de vos plaintesLa porte a peine refermeePour vos dessous qui s'eparpillentComme des grappes de jonquillesAux quatre coins du lit semesPour vos yeux de vague mouranteEt ce desir qui s'impatienteAux pointes de vos seins levesJe vous aimeJe vous aimePour vos toisons de ronces doucesQui me retiennent me repoussentQuand mes levres vont s'y noyerPour vos paroles demesureLa source le chant la blessureDe votre corps ecartelePour vos reins de houle profondePour ce plaisir qui vous inondeEn long sanglots inachevesJe vous aimeJe vous aime
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De plaines en forets de vallons en collines
Du printemps qui va naitre a tes mortes saisons De ce que j'ai vecu a ce que j'imagine Je n'en finirai pas d'ecrire ta chanson Ma France Au grand soleil d'ete qui courbe la Provence Des genets de Bretagne aux bruyeres d'Ardeche Quelque chose dans l'air a cette transparence Et ce gout du bonheur qui rend ma levre seche Ma France Cet air de liberte au-dela des frontieres Aux peuples etrangers qui donnaient le vertige Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige Elle repond toujours du nom de Robespierre Ma France Celle du vieil Hugo tonnant de son exil Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines Celle qui construisit de ses mains vos usines Celle dont monsieur Thiers a dit qu'on la fusille Ma France Picasso tient le monde au bout de sa palette Des levres d'Eluard s'envolent des colombes Ils n'en finissent pas tes artistes prophetes De dire qu'il est temps que le malheur succombe Ma France Leurs voix se multiplient a n'en plus faire qu'une Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs En remplissant l'histoire et ses fosses communes Que je chante a jamais celle des travailleurs Ma France Celle qui ne possede en or que ses nuits blanches Pour la lutte obstine de ce temps quotidien Du journal que l'on vend le matin d'un dimanche A l'affiche qu'on colle au mur du lendemain Ma France Qu'elle monte des mines descende des collines Celle qui chante en moi la belle la rebelle Elle tient l'avenir, serre dans ses mains fines Celle de trente-six a soixante-huit chandelles Ma France |
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Maria avait deux enfants
Deux garcons dont elle etait fiere Et c'etait bien la meme chair Et c'etait bien le meme sang Ils grandirent sur cette terre Pres de la Mediterrannee Ils grandirent dans la lumiere Entre l'olive et l'oranger C'est presque au jour de leurs vingt ans Qu'eclata la guerre civile On vit l'Espagne rouge de sang Crier dans un monde immobile Les deux garcons de Maria N'etaient pas dans le meme camp N'etaient pas du meme combat L'un etait rouge, et l'autre blanc Qui des deux tira le premier Le jour ou les fusils parlerent Et lequel des deux s'est tue Sur le corps tout chaud de son frere ? On ne sait pas. Tout ce qu'on sait C'est qu'on les retrouva ensemble Le blanc et le rouge meles A meme les pierres et la cendre Si vous lui parlez de la guerre Si vous lui dites liberte Elle vous montrera la pierre Ou ses enfants sont enterres Maria avait deux enfants Deux garcons dont elle etait fiere Et c'etait bien la meme chair Et c'etait bien le meme sang |
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Je voudrais mourir debout, dans un champ, au soleil,
Non dans un lit aux draps froisses, A l'ombre close des volets, Par ou ne vient plus une abeille, Une abeille ... Je voudrais mourir debout, dans un bois, au soleil, Sans entendre tout doucement, La porte et le chuchotement, Sans objet des femmes et des vieilles, Et des vieilles ... Je voudrais mourir debout, n'importe ou, au soleil, Tu ne serais pas la j'aurais, Ta main que je pourrais serrer, La bouche pleine de groseilles, De groseilles ... |
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Que ce soit dimanche ou lundi
Soir ou matin, minuit, midi Dans l'enfer ou le paradis Les amours aux amours ressemblent C'etait hier que je t'ai dit Nous dormirons ensemble C'etait hier et c'est demain Je n'ai plus que toi de chemin J'ai mis mon c?ur entre tes mains Avec le tien comme il va l'amble Tout ce qu'il a de temps humain Nous dormirons ensemble Mon amour ce qui fut sera Le ciel est sur nous comme un drap J'ai referme sur toi mes bras Et tant je t'aime que j'en tremble Aussi longtemps que tu voudras Nous dormirons ensemble |
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Ils etaient vingt et cent, ils etaient des milliers,
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombes, Qui dechiraient la nuit de leurs ongles battants, Ils etaient des milliers, ils etaient vingt et cent. Ils se croyaient des hommes, n'etaient plus que des nombres: Depuis longtemps leurs des avaient ete jetes. Des que la main retombe il ne reste qu'une ombre, Ils ne devaient jamais plus revoir un ete La fuite monotone et sans hate du temps, Survivre encore un jour, une heure, obstinement Combien de tours de roues, d'arrets et de departs Qui n'en finissent pas de distiller l'espoir. Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel, Certains priaient Jesus, Jehovah ou Vichnou, D'autres ne priaient pas, mais qu'importe le ciel, Ils voulaient simplement ne plus vivre a genoux. Ils n'arrivaient pas tous a la fin du voyage; Ceux qui sont revenus peuvent-ils etre heureux? Ils essaient d'oublier, etonnes qu'a leur age Les veines de leurs bras soient devenus si bleues. Les Allemands guettaient du haut des miradors, La lune se taisait comme vous vous taisiez, En regardant au loin, en regardant dehors, Votre chair etait tendre a leurs chiens policiers. On me dit a present que ces mots n'ont plus cours, Qu'il vaut mieux ne chanter que des chansons d'amour, Que le sang seche vite en entrant dans l'histoire, Et qu'il ne sert a rien de prendre une guitare. Mais qui donc est de taille a pouvoir m'arreter? L'ombre s'est faite humaine, aujourd'hui c'est l'ete, Je twisterais les mots s'il fallait les twister, Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous etiez. Vous etiez vingt et cent, vous etiez des milliers, Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombes, Qui dechiriez la nuit de vos ongles battants, Vous etiez des milliers, vous etiez vingt et cent. |
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Tu vois rien n'a vraiment change
Depuis que tu nous a quitte Les cons n'arretent pas de voler Les autres de les regarder Si l'autre jour on a bien ri Il parait que " Le deserteur " Est un des grands succes de l'heure Quand c'est chante par Anthony Pauvre Boris Voila quinze ans qu'en Indochine La France se deshonorait Et l'on te traitait de vermine De dire que tu n'irais jamais Si tu les vois sur leurs guitares Ajuster tes petits couplets Avec quinze annees de retard Ce que tu dois en rigoler Pauvre Boris Ils vont chercher en Amerique La mode qui fait des dollars Un jour ils chantent des cantiques Et l'autre des refrains a boire Et quand ca marche avec Dylan Chacun a son petit Vietnam Chacun son negre dont les os Lui dechirent le c?ur et la peau Pauvre Boris On va quitter ces pauvres mecs Pour faire une java d'enfer Manger la cervelle d'un eveque Avec le foie d'un militaire Faire sauter a la dynamite La bourse avec le Pantheon Pour voir si ca tuera les mythes Qui nous devorent tout du long Pauvre Boris Tu vois rien n'a vraiment change Depuis que tu nous a quittes |
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M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde
Qui chante au fond de moi au bruit de l'ocean M'en voudrez-vous beaucoup si la revolte gronde Dans ce nom que je dis au vent des quatre vents Ma memoire chante en sourdine Potemkine Ils etaient des marins durs a la discipline Ils etaient des marins, ils etaient des guerriers Et le cœur d'un marin au grand vent se burine Ils etaient des marins sur un grand cuirasse Sur les flots je t'imagine Potemkine M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde Ou celui qui a faim va etre fusille Le crime se prepare et la mer est profonde Que face aux revoltes montent les fusiliers C'est mon frere qu'on assassine Potemkine Mon frere, mon ami, mon fils, mon camarade Tu ne tireras pas sur qui souffre et se plaint Mon frere, mon ami, je te fais notre alcade Marin ne tire pas sur un autre marin Ils tournerent leurs carabines Potemkine M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde Ou l'on punit ainsi qui veut donner la mort M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde Ou l'on n'est pas toujours du cote du plus fort Ce soir j'aime la marine Potemkine |
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Que serais-je sans toi qui vins a ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un c?ur au bois dormant Que cette heure arretee au cadran de la montre Que serais-je sans toi que ce balbutiement J'ai tout appris de toi sur les choses humaines Et j'ai vu desormais le monde a ta facon J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines Comme on lit dans le ciel les etoiles lointaines Comme au passant qui chante on reprend sa chanson J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson Que serais-je sans toi qui vins a ma rencontre Que serais-je sans toi qu'un c?ur au bois dormant Que cette heure arretee au cadran de la montre Que serais-je sans toi que ce balbutiement J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne Qu'il fait jour a midi qu'un ciel peut etre bleu Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne Tu m'as pris par la main dans cet enfer moderne Ou l'homme ne sait plus ce que c'est qu'etre deux Tu m'as pris par la main comme un amant heureux Que serais-je sans toi qui vins a ma rencontre Que serais-je sans toi qu'un c?ur au bois dormant Que cette heure arretee au cadran de la montre Que serais-je sans toi que ce balbutiement Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes N'est-ce pas un sanglot de la deconvenue Une corde brisee aux doigts du guitariste Et pourtant je vous dis que le bonheur existe Ailleurs que dans le reve ailleurs que dans les nues Terre terre voici ses rades inconnues Que serais-je sans toi qui vins a ma rencontre Que serais-je sans toi qu'un c?ur au bois dormant Que cette heure arretee au cadran de la montre Que serais-je sans toi que ce balbutiement |
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from Jean Ferrat - 2cd Collection Vol.2 (2001) | |||||
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Toutes les portes se ressemblent
Quelque part dans ce grand ensemble Ariane, Ariane m'attend Maudite soit ma maladresse J'ai perdu sa nouvelle adresse Ariane, Ariane m'attend Toutes les portes se ressemblent Les escaliers montent ou descendent Selon le sens ou on les prend Les judas me font la grimace Je vais, je cours, les heures passent Au fil du temps l'amour se casse Ariane, Ariane m'attend Toutes les portes se ressemblent Mais a tant crier il me semble Qu'Ariane, qu'Ariane m'entend Escalier cent-soixante-quatre Mon c?ur va-t-il cesser de battre Ariane, Ariane m'attend Ariane, vois ma triste posture Devant ces portes d'imposture Ariane, ouvre-moi, je t'entends Mais luit ou tant je tambourine J'entrouvre et soudain je devine Ce n'est qu'une tele-speakerine Qui parle, qui parle du temps Je veux hurler mais ma voix tremble Je pleure et je ris tout ensemble Ariane, Ariane m'attend Devant ces mille et une portes Je sens que la colere m'emporte Ariane, Ariane m'attend Ariane, tu ne peux pas paraitre Il me reste un moyen peut-etre Nous verrons bien si cela prend Par l'allumette que j'enflamme J'en fonds cet ensemble sans ame Le feu fera surgir la femme Ariane, Ariane, Ariane, Ariane Ariane, Ariane, Ariane... |
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Dors petit homme
Dors petit frere La nuit A Bahia de tous les Saints Bruisse de papier d'etain D'ombres dures et familieres La nuit Tu t'endors le long des quais Pres des futs abandonnes Poings fermes dans la poussiere Dors petit homme Dors petit frere La faim Met sa robe d'apparat C'est l'heure ou l'on voit les rats Regagner les grands navires C'est l'heure Ou des financiers au bras Les putains ouvrent leurs draps En forme de tirelire Dors petit homme Dors petit frere Parfois Tu ecoutes les indiens Parler de mal et de bien Sur leurs siecles de misere Tu vois Le diable n'est qu'un pantin Qui s'evanouit au matin Quand tu leves la paupiere Dors petit homme Dors petit frere Hier Sur les toits jaune orange L'oiseau qui te fait rever A survole la frontiere |
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En groupe en ligue en procession
En banniere en slip en veston Il est temps que je le confesse A pied a cheval et en voiture Avec des gros des p'tits des durs Je suis de ceux qui manifestent Avec leurs gueules de travers Leurs fins de mois qui sonnent clair Les uns me trouvent tous les vices Avec leur teint calamiteux Leurs fins de mois qui sonnent creux D'autres trouvent que c'est justice Je suis de ceux que l'on fait taire Au nom des libertes dans l'air Une sorte d'amoraliste Le fossoyeur de nos affaires Le Deroulede de l'arriere Le plus complet des defaitistes L'empecheur de tuer en rond Perdant avec satisfaction Vingt ans de guerres colonialistes La petite voix qui dit non Des qu'on lui pose une question Quand elle vient d'un parachutiste En groupe en ligue en procession Depuis deux cents generations Si j'ai souvent commis des fautes Qu'on me donne tort ou raison De greves en revolutions Je n'ai fait que penser aux autres Pareil a tous ces compagnons Qui de Charonne a la Nation En ont vu defiler parole Des pelerines et des batons Sans jamais rater l'occasion De se faire casser la gueule En groupe en ligue en procession Et puis tout seul a l'occasion J'en ferai la preuve par quatre S'il m'arrive Marie-Jesus D'en avoir vraiment plein le cul Je continuerai de me battre On peut me dire sans remission Qu'en groupe en ligue en procession On a l'intelligence bete Je n'ai qu'une consolation C'est qu'on peut etre seul et con Et que dans ce cas on le reste |
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from Jean Ferrat - 2cd Collection Vol.2 (2001)
Excusez-moi
De ne pas etre plus habile De ne pas danser sur un fil De ne pas me tenir tres droit Je ne ferai pas de claquettes Ni de culbutes sur la tete Je ne sais quoi faire de mes bras de mes bras Excusez-moi Si je n'arrive pas a dire Tout ce que je voudrais vous dire A belle a claire a haute voix Louer le ciel la nuit le jour Et l'evidence de l'amour Simplement comme je le dois je le dois Excusez-moi Quand ma chanson deviendra triste C'est que j'ai sous les yeux la liste Des hommes partout mis en croix Je ne manque pas de courage Mais nous vivons au moyen-age Les bras m'en tombent quelquefois quelquefois Excusez-moi Je reve de chansons trempees Tranchantes comme un fil d'epee Et ne manie qu'un sabre en bois Un jour j'en ris l'autre j'en pleure Et qu'importe si c'est un leurre Je pourrai dire que j'y crois que j'y crois Excusez-moi Quand ma chanson deviendra folle Je n'y aurai pas d'autre role Que de vous chanter qu'a Cuba On prend l'argent pour seule cible On dit que rien n'est impossible Et que l'homme seul comptera comptera Excusez-moi De ne pas etre plus habile De ne pas danser sur un fil De ne pas me tenir tres droit Je ne courberai pas la tete A la fin de mes chansonnettes Je prefere vous regarder droit vous regarder droit |
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Les guitares jouent des serenades
Que j'entends sonner comme un tocsin Mais jamais je n'atteindrai Grenade "Bien que j'en sache le chemin" Dans ta voix Galopaient des cavaliers Et les gitans etonnes Levaient leurs yeux de bronze et d'or Si ta voix se brisa Voila plus de vingt ans qu'elle resonne encore Federico Garcia Voila plus de vingt ans, Camarades Que la nuit regne sur Grenade Il n'y a plus de prince dans la ville Pour rever tout haut Depuis le jour ou la guardia civil T'a mis au cachot Et ton sang tiede en quete de l'aurore S'apprete deja J'entends monter par de longs corridors Le bruit de leurs pas Et voici la porte grande ouverte On t'entraine par les rues desertees Ah! Laissez-moi le temps de connaitre Ce que ma mere m'a donne Mais deja Face au mur blanc de la nuit Tes yeux voient dans un eclair Les champs d'oliviers endormis Et ne se ferment pas Devant l'acre lueur eclatant des fusils Federico Garcia Les lauriers ont pali, Camarades Le jour se leve sur Grenade Dure est la pierre et froide la campagne Garde les yeux clos De noirs taureaux font mugir la montagne Garde les yeux clos Et vous Gitans, serrez bien vos compagnes Au creux des lits chauds Ton sang inonde la terre d'Espagne O Federico Les guitares jouent des serenades Dont les voix se brisent au matin Non, jamais je n'atteindrai Grenade "Bien que j'en sache le chemin" |
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Pauvre pauvre pauvre Indien
Plante un a un Plante plante un a un Le mais en grains Dure est la terre Que l'on arrache a la foret Dure est la terre Ou il vivra jusqu'a l'ete Solitaire La faim au ventre Il attendra de voir monter La faim au ventre Les maigres tiges a recolter Entre les pierres Pauvre pauvre pauvre Indien Plante un a un Plante plante un a un Le mais en grains Dans son village Il a laisse femme et enfants Dans son village Qui l'attendent depuis longtemps Sans colere La terre est rouge Rouges ses mains rouge son c?ur La terre est rouge Frere sa peau a la couleur Qui nous est chere Pauvre pauvre pauvre Indien Plante un a un Plante plante un a un Le mais en grains |
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Il se peut que je vous deplaise
En peignant la realite Mais si j'en prends trop a mon aise Je n'ai pas a m'en excuser Le monde ouvert a ma fenetre Que je referme ou non l'auvent S'il continue de m'apparaitre Comment puis-je faire autrement Je ne chante pas pour passer le temps Le monde ouvert a ma fenetre Comme l'eau claire le torrent Comme au ventre l'enfant a naitre Et neige la fleur au printemps Le monde ouvert a ma fenetre Avec sa dulie ses horreurs Avec ses armes et ses reitres Avec son bruit et sa fureur Je ne chante pas pour passer le temps Mon Dieu mon Dieu tout assumer L'odeur du pain et de la rose Le poids de ta main qui se pose Comme un temoin du mal d'aimer Le cri qui gonfle la poitrine De Lorca a Maiakovski Des poetes qu'on assassine Ou qui se tuent pourquoi pour qui Je ne chante pas pour passer le temps Le monde ouvert a ma fenetre Et que je brise ou non la glace S'il continue a m'apparaitre Que voulez-vous donc que j'y fasse Mon c?ur mon c?ur si tu t'arretes Comme un piano qu'on desaccorde Qu'il me reste une seule corde Et qu'a la fin mon chant repete Je ne chante pas pour passer le temps |
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from Jean Ferrat - 2cd Collection Vol.2 (2001)
Pour ce rien cet imponderableQui fait qu'on croit a l'incroyableAu premier regard echangePour cet instant de trouble etrangeOu l'on entend rire les angesAvant meme de se toucherPour cette robe que l'on froleCe chale quittant vos epaulesEn haut des marches d'escalierJe vous aimeJe vous aimePour la lampe deja eteinteEt la premiere de vos plaintesLa porte a peine refermeePour vos dessous qui s'eparpillentComme des grappes de jonquillesAux quatre coins du lit semesPour vos yeux de vague mouranteEt ce desir qui s'impatienteAux pointes de vos seins levesJe vous aimeJe vous aimePour vos toisons de ronces doucesQui me retiennent me repoussentQuand mes levres vont s'y noyerPour vos paroles demesureLa source le chant la blessureDe votre corps ecartelePour vos reins de houle profondePour ce plaisir qui vous inondeEn long sanglots inachevesJe vous aimeJe vous aime
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Quand tu applaudiras sur la cendre du stade
Les garcons de l'ete au torse de couleurs Lorsque tu les verras vibrer devant l'estrade Ou Vilar et Planchon se firent bateleurs Lorsque tu les verras sur les neiges en pente Ecrire en noir et blanc et le risque et l'effort Quand les filles riront avec leur peau brulante Et la mer qui ruisselle attachee a leur corps Alors tu comprendras alors tu aimeras La jeunesse la jeunesse la jeunesse Quand ils t'agaceront ces sourires futiles Ces vacarmes du soir ces indecents chahuts Quand tu t'affligeras du juke-box imbecile Et des danses nouvelles que tu ne danses plus Quand le monome idiot te barrera la route Reviens donc sur tes pas ils menent au printemps Et tu murmureras pour celle qui t'ecoute Lorsque je faisais ca moi j'avais dix-sept ans Alors tu comprendras alors tu aimeras La jeunesse la jeunesse la jeunesse Quand tu seras emu devant leur joie de vivre Devant leur soif d'amour quand tu auras pleure Pour un Alain-Fournier vivant le temps d'un livre Ou bien pour Guy Moquet mourant au temps d'aimer Le temps d'aimer se perd le temps est ce qui passe Le temps est ce qui meurt l'espoir est ce qui nait Regarde ces garcons ces filles qui s'embrassent Il va naitre pour eux le temps que tu voulais Alors tu aimeras alors tu salueras La jeunesse la jeunesse la jeunesse |
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Comme cul et chemise Le sabre et le goupillon
Comme larrons en foire J'ai vu se constituer tant d'associations Mais il n'en reste qu'une au travers de l'histoire Qui ait su nous donner toute satisfaction Le sabre et le goupillon L'un brandissant le glaive et l'autre le ciboire Les peuples n'avaient plus a s'poser de questions Et quand ils s'en posaient c'etait deja trop tard On se sert aussi bien pour tondre le mouton Du sabre que du goupillon Quand un abbe de cour poussait une bergere Vers des chemins tremblants d'ardente deraison La belle ne savait pas quand elle se laissait faire Qu'ils condamnaient l'usage de la contraception Le sabre et le goupillon Et maintes eminences et maints beaux capitaines Reposaient le guerrier de la meme facon Dans le salon chinois ou Madame Germaine Grace a ses pensionnaires realisait l'union Du sabre et du goupillon C'etait le temps reve de tous les militaires On leur offrait des guerres et des expeditions Que de manants joyeux sont partis chez Saint-Pierre Le c?ur plein de mitraille et de benedictions Du sabre et du goupillon Quand ils s'en revenaient et d'Asie et d'Afrique Ils faisaient regner l'ordre au sein de la nation Les uns possedaient l'art d'utiliser la trique Les autres sans le dire pensaient qu'elle a du bon Le sabre et le goupillon On n'sait plus aujourd'hui a qui faire la guerre Ca brise le moral de la generation C'est pourquoi les credits que la paix nous libere Il est juste qu'il aillent comme consolation Au sabre et au goupillon L'un jouant du clairon l'autre de l'harmonium Ils instruiront ainsi selon la tradition Des cracks en Sambre et Meuse des forts en Te Deum Qui nous donneront encore bien des satisfactions Le sabre et le goupillon |
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from Jean Ferrat - 2cd Collection Vol.2 (2001)
C'en est bien fini
Nous ne verrons plus De l'Andalousie Les gitans venus La chemise ouverte Sur leur peau brulee Les roulottes vertes Au milieu des bles Et coquelicot Pavot arrache Les grands calicots Place du marche Le ciel se fait lourd, les roses se fanent Nous vivons le temps des derniers tziganes Disparus l'enfant Voleur de cerceaux Les chevaux piaffants De tous leurs naseaux Disparus les anes Avec leurs paniers Les belles gitanes Sous les marronniers En ce temps qui va Qui va devorant On n'a plus le droit D'etre different Le ciel se fait lourd, les roses se fanent Nous vivons le temps des derniers tziganes Plus de feux de camp Pres des HLM Revolu le temps Des anciens bohemes Finis l'esplanade Et les tambourins Les derniers nomades Claquent dans leurs mains Et la liberte Femme de gitan Tombe poignardee Sous l'effet du temps Le ciel se fait lourd, les roses se fanent Nous vivons le temps des derniers tziganes |
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from Jean Ferrat - 2cd Collection Vol.2 (2001)
Les enfants terribles marchent dans les rues
Si leur ciel est vide s'ils ne savent plus Leurs mains sont avides d'etreindre demain Les enfants terribles n'epargneront rien Soyez terribles terribles Soyez terribles les enfants Les enfants terribles ont des dents de loups Si vous en doutez prenez garde a vous Leur soif n'a d'egal que leur appetit Les enfants terribles luttent pour la vie Soyez terribles terribles Soyez terribles les enfants Quand l'orage tonne les enfants sourient Ils sont surs d'eux-memes et durs pour autrui Mais quand l'amour vient les cueillir au nid Les enfants terribles tremblent dans la nuit Soyez terribles terribles Soyez terribles les enfants Avec leurs grands rires avec leurs facons De toujours remettre le monde en question Ce sont eux qui font les revolutions Les enfants terribles ont toujours raison Soyez terribles terribles Soyez terribles les enfants Les enfants Les enfants... |
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from Jean Ferrat - 2cd Collection Vol.2 (2001)
Les filles longues longues longues
Sans autre ornement ni bijou Que leurs cheveux qui tombent tombent Sur leurs genoux Les filles folles folles folles Sans autre probite candide Que leur fourrure qui frole frole Ma bouche avide Peut-etre passeront-elles fieres Quand je les verrai de nouveau Comment allez-vous bien ma chere Le temps va-t-il se mettre au beau Les filles longues longues longues Sans autre geste ni discours Que ce froissement de leurs ongles Sur mon velours Les filles lasses lasses lasses De rechercher au petit jour Leur linge fin avec leur masque D'avant l'amour Vous pourraiz jeter feux et flammes Un autre jour en d'autres lieux Moi je n'entendrai plus madame Que cette voix disant mon Dieu La fille longue longue longue Sans autre ornement ni bijou Que ses cheveux qui tombent tombent A mes genoux La fille folle folle folle Sans autre probite candide Que sa fourrure qui frole frole Ma bouche avide |
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from Jean Ferrat - 2cd Collection Vol.2 (2001)
Je reve et je me reveille
Dans une odeur de lilas De quel cote du sommeil T'ai-je ici laisse ou la Je dormais dans ta memoire Et tu m'oubliais tout bas Ou c'etait l'inverse histoire Etais-je ou tu n'etais pas Je me rendors pour t'atteindre Au pays que tu songeas Rien n'y fait que fuir et feindre Toi tu l'as quitte deja Dans la vie ou dans le songe Tout a cet etrange eclat Du parfum qui se prolonge Et d'un chant qui s'envola O claire nuit jour obscur Mon absente entre mes bras Et rien d'autre en moi ne dure Que ce que tu murmuras |
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from Jean Ferrat - 2cd Collection Vol.2 (2001)
Que ce soit dimanche ou lundi
Soir ou matin, minuit, midi Dans l'enfer ou le paradis Les amours aux amours ressemblent C'etait hier que je t'ai dit Nous dormirons ensemble C'etait hier et c'est demain Je n'ai plus que toi de chemin J'ai mis mon c?ur entre tes mains Avec le tien comme il va l'amble Tout ce qu'il a de temps humain Nous dormirons ensemble Mon amour ce qui fut sera Le ciel est sur nous comme un drap J'ai referme sur toi mes bras Et tant je t'aime que j'en tremble Aussi longtemps que tu voudras Nous dormirons ensemble |